[Focus Karayib] Mano D’iShango et son projet Exotysme

J’essaye vraiment de respecter la parité pour ces articles en alternant femme-homme. Permettez que je déroge à cette règle, car la prochaine chanteuse à qui j’aimerais consacrer cette rubrique est un coup de coeur que je veux savourer encore un peu pour moi. Je vais donc parler d’un artiste masculin : Mano D’iShango.

En faisant mes recherches sur Flo, je suis tombée sur Mano D’iShango via un lien vers son projet MAWON MINUI (PHIFE DAWG HOMAGE). C’est surtout le visuel de la pochette qui m’a intriguée. Je ne me considère pas comme une fan de hip-hop (#soulr&blover4life), mais je connais quand même quelques classiques. L’album “Midnight Marauders” de A Tribe Called Quest est l’un des rares albums de hip-hop que je possède, et la pochette de “Mawon Minui” en reprend les couleurs et la texture. Vu que tout est dispo en streaming, j’ai cliqué. Je n’avais qu’à me laisser porter. L’effet des instrumentales a été plus fort que ma réaction instinctive de rejet causée par des paroles que je ne comprenais absolument pas. La playlist en fond sonore, j’ai donc cherché des infos sur ce mystérieux Mano D’iShango…

Au bout de 5 minutes, j’ai renoncé parce que je n’ai pas trouvé suffisamment d’éléments pour me faire saisir l’artiste qu’il est. Non pas qu’il n’y ait pas d’infos. Au contraire. Tysmé, avec son album studio Zayanntifik, était bien présenté. Mais moi c’est Mano D’iShango, son autre nom de scène, qui me laissait perplexe. Et même si sa discographie était bien organisée, je ne comprenais pas la différence entre les deux. Étaient-ce deux facettes de sa personnalité d’artiste ? Une histoire d’alter ego ? Qu’est-ce qui avait déclenché l’apparition de Mano D’iShango ? Que faire de Tysmé dans cet univers ?

Comme l’ambiance afrofuturiste de certaines chansons et visuels d’albums m’intriguait, j’ai quand même mis les deux premiers volets (gratuits) de son projet EXOTYSME dans mon téléphone. Avec 2h30 à 3h de trajet quotidien, j’aurais bien trouvé le temps d’écouter, n’est-ce pas ? En fait, non. Je lançais une chanson au hasard et je coupais au bout de 30 secondes avant de revenir à du Beyoncé, du Toni Braxton ou à du Arnaud Dolmen (♥ #fangirl). Peut-être était-ce la fatigue à cause de la fin de l’année scolaire… ?

Je n’ai pas lâché l’affaire pour autant. J’avais cette intuition que c’était le genre de musique qui pourrait me plaire mais il me manquait ZE point de connexion. Je m’étais dit que j’écouterais à tête reposée pendant l’été. Me reposer, j’ai fait (ET C’ÉTAIT GÉNIAL). Ecouter les EXOTYSME, non. En fait, j’ai écouté. C’est juste que je n’entendais pas. Même si Mano D’iShango a une diction claire, son flow en créole est trop difficile pour MOI dont la compréhension orale se limite au (rétro) zouk (love). Et à ce que me dit ma mère. Ha! Après plus de trois mois de réflexion, j’ai enfin compris que c’était ça mon point de connexion : le kreyol. Si vous lisez mon blog, vous connaissez les méandres de mon parcours pour définir et vivre mon antillanité. La langue est un élément qui me fait cruellement défaut, mais écouter les albums Exotysme m’a fait prendre conscience de l’ampleur du challenge pour récupérer cette partie de moi… mais aussi de mon envie de relever ce défi. C’est une petite victoire à chaque fois que je réécoute une chanson et que je donne du sens à une phrase dont la compréhension m’échappait les fois précédentes.

Je ne pourrais pas classer les volumes en terme de préférence… Je crois que le 1er volet sorti en 2012 est celui qui me correspond le plus musicalement. Le groove old school fait écho à ce que j’écoutais moi-même dans mon adolescence. Coup de ♥ pour “Coco Canelle” et “Future School”.

Le volume 2 (2015) a des pistes plutôt courtes et propose un hip-hop plus versatile qui m’a permis de dessiner une silhouette musicale de Mano D’iShango. C’est aussi l’EP qui m’a demandé le moins d’effort de compréhension au niveau des paroles. Coup de ♥ pour “M.A.N.O.D.I.S.H.A.N.G.O” et “Nou Enmé Sa”. Mention honorable pour “Tout Ou Ni” dont je comprends le message mais dont l’approche me laisse dubitative.

Enfin, le volume 3 (2018) fonctionne comme une synthèse entre son style old school hip-hop et des sonorités jazzy mais modernes. Vu le nombre d’écoutes qu’il m’a fallu pour réussir à comprendre les paroles, je dirais que c’est celui qui a été le plus exigeant. Au bout de cinq écoutes complètes, j’ai renoncé à comprendre les paroles et j’ai fait confiance aux instrumentales. “Psom 97:1” est le titre qui a déclenché ma première réaction physique d’appréciation. J’ai hoché la tête en cadence et quand j’ai arrêté de me prendre la tête sur les paroles, les mots ont enfin pris leur sens. Le deuxième à m’avoir fait cet effet était “Répondè Réponn”.  Le fait que j’ai eu la révélation avec ces deux titres célébrant l’universalité du hip-hop guadeloupéen est-il une coïncidence ?

Au final, comme avec Gage, cette trilogie Exotysme me fait revisiter mon propre cheminement sur ces deux dernières années. Mon passé adouci par cette nostalgie d’une adolescence que j’avais oubliée… Mon présent avec cette quête de mon identité… Mon futur avec cette passion de raconter des histoires, nos histoires.

Bandcamp Instagram : @manodishango

2 responses to “[Focus Karayib] Mano D’iShango et son projet Exotysme”

Leave a Reply

Fill in your details below or click an icon to log in:

WordPress.com Logo

You are commenting using your WordPress.com account. Log Out /  Change )

Facebook photo

You are commenting using your Facebook account. Log Out /  Change )

Connecting to %s

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

%d bloggers like this: