“Crystal Rain” ou bienvenue dans un space opera afrocaribéen

Comme vous le savez, et je vous le dis si vous ne le savez pas, je me suis enfin mise à la science-fiction. Avec des personnages noirs, bien sûr. J’ai longtemps cherché des histoires qui se déroulent aux Antilles et je suis tombée sur la saga Xenowealth de Tobias S. Buckell. Les versions kindle des 2 premiers volets étaient vraiment cheap, donc j’ai sauté sur l’occasion. Je ne regrette pas mon choix.

Pour une fois, je n’ai pas envie de trop spoiler. Raison 1. Je n’ai lu que le premier volet, “Crystal Rain” (2006), donc je préfère attendre d’avoir tout lu avant d’émettre un jugement sur les événements de l’histoire (oui, je serai un peu agacée de m’être trompée dans mes prédictions #impettylikethatsometimes). Raison 2. J’ai lu en anglais et, en toute franchise, c’était compliqué parce que je ne suis pas habituée aux particularités du phrasé, de la grammaire ni même du vocabulaire utilisés dans la Caraïbe anglophone. Je n’ai donc pas envie de m’avancer ou de donner des explications pour me rendre compte dans un an que j’avais mal compris. Ceci étant dit, je peux quand même vous donner un avis général.

Un storytelling éclaté

Tobias S. Buckell utilise le point de vue omniscient. Je n’aime pas en général, d’autant plus quand il y a beaucoup de personnages. Passer du point de vue de l’un à l’autre dans le même paragraphe me donne mal à la tête, surtout quand on s’intéresse à un personnage qui ne m’intéresse pas. Et la barrière de la langue rendait la concentration d’autant plus ardue. D’un autre côté, l’effort demandé peut être vu comme positif parce que cela signifie que le lecteur doit s’investir complètement… Bref, j’ai commencé le volet 2 Raggamuffin, je constate que la structure est similaire, donc c’est bien un choix narratif. Je n’aime pas, mais le thème est tellement intéressant que je suis passée outre.

Un univers en 3D

La colonisation, la déportation, le massacre des populations, ces événements réels qui ont jalonné l’histoire caribéenne sont repris ici pour créer un univers riche et divers. L’affrontement entre deux peuples aux cultures, aux cultes différents sert de toile de fond pour mettre en scène des personnages aux caractéristiques familières pour les Antillais. On peut s’amuser à établir des correspondances avec les îles francophones, anglophones, hispanophones voire avec les pays sud-américains. La technologie décrite mêle futurisme et passé, notamment avec la course poursuite en montgolfière/nacelles. Malgré un style d’écriture plutôt lourd, l’auteur fait vivre ce pays imaginaire et s’assure de donner toutes les clés pour que le lecteur comprenne.

Les multiples facettes de la masculinité noire

Si Tobias S. Buckell avait écrit ce roman en 2016/2017, il aurait certainement traité différemment la question du handicap. John, le personnage principal, a perdu une main. Les descriptions le rappellent de façon plutôt… maladroite dès qu’il doit utiliser son crochet. Notez que je ne sais pas comment j’écrirais un personnage avec un crochet, donc je ne jette pas la pierre. Je dis juste que c’était répétitif à lire et il y avait peu de variations dans les descriptions. A un personnage près, tous les personnages importants du tome 1 sont des hommes, ce qui donne l’occasion de dresser différents portraits avec toutes les nuances de noir. Peut-être qu’on pourrait effectivement utiliser le colorisme comme grille de lecture parce que les personnages mis en avant ne semblent pas être considérés comme des foncés de peau. Je ne rentre pas dans le débat cette fois-ci. En tout cas, qu’ils aient le crâne rasé, qu’ils portent des locks, qu’ils soient immortels ou pas, ces hommes noirs explorent des émotions universelles comme la peur, le courage, la lâcheté… mais aussi la fragilité, la sensibilité, l’amitié, la loyauté, la parentalité, la fidélité, l’amour.

Conclusion : je ne peux pas dire que le storytelling m’ait transportée. Je dirais même que ça a été un frein. Néanmoins, je suis en demande de ce genre d’histoires, l’effort mis en oeuvre pour créer cet univers font que j’ai apprécié ce divertissement et je continue avec le tome 2.

2 responses to ““Crystal Rain” ou bienvenue dans un space opera afrocaribéen”

  1. […] J’ai enfin fini de lire mon premier roman afrofuturiste “Crystal Rain”. […]

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  2. […] La première suggestion a été la saga Xenowealth du romancier grenadien Tobias S. Buckell. J’ai mis près de deux ans à terminer les deux premiers volets. J’étais séduite par l’univers, mais le storytelling ne me correspondait pas. Entre […]

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