Comment Black Panther continue de changer ma vie…

Je relisais mon premier article sur le sujet qui remonte à plus d’un an et je me suis dit qu’un bilan serait intéressant. Quel impact le film “Black Panther” continue-t-il d’avoir sur ma vie ?

Mon identité Twitterienne

Si vous me suivez sur Twitter, vous savez que j’ai gardé un an le pseudo “Lady T’Chaella of the Sun”. J’ai attendu la Saint-Black Panther du 14 février 2019 pour le changer en Lady Karukerament afin de promouvoir mon podcast sur le cinéma. Mais je pense que “Lady TCOTS” restera le meilleur jeu de mot de pseudonyme sur mon prénom.

En revanche, Chadwick Boseman est toujours présent dans mon gif game. Il y en a un en particulier que je ne cesse d’utiliser depuis quelques mois.

Contextualisons. Le prix du meilleur film des Oscars 2019 a été attribué à “Green Book”, face notamment à “Black Panther”. On est d’accord que “Black Panther” ne méritait peut-être pas cette récompense, mais la victoire de “Green Book” fortement critiqué pour le whitewashing de l’histoire n’avait juste pas lieu d’être. #isaidwhatisaid

Lors de l’annonce du résultat, Chadwick Boseman s’est tourné vers Michael B. Jordan avec un sourire en coin donnant lieu à multiples interprétations à cette réaction. Ce gif s’adapte à n’importe quelle situation. En particulier pour exprimer le “non sans blague”, le “je te l’avais dit”, le “je m’en doutais”. J’essaye de ne plus trop l’utiliser parce que je sens que tout le monde en a un peu marre, mais bon…

Réflexion sur les enjeux de représentation

D’une façon générale, je suis toujours Team Chadwick envers et contre tout. Je n’ai pas pris la peine d’aller voir les derniers Avengers. Les spoilers sur Internet m’ont suffit. Par contre, j’ai continué à chercher des interviews pour comprendre son approche du métier d’acteur. Chadwick Boseman et Michael B. Jordan ont tous les deux à cœur de promouvoir une représentation des Noirs plus diverse et plus qualitative, mais ils n’ont pas la même approche. C’est ce qui est intéressant. D’une façon générale, écouter les Wakandais principaux de “Black Panther”, femmes et hommes, parler cinéma est un plaisir parce qu’ils ont une analyse fine de leur place dans le business. Ils articulent les enjeux économiques, politiques et culturels de leur métier. Ils prennent position et assument. Leur discours a d’autant plus de poids qu’ils représentent différents parcours de carrière. Michael B. Jordan l’ex-enfant acteur qui a réussi la transition vers des rôles adultes et capable de faire des films indépendants tout comme des blockbusters. Chadwick Boseman a d’abord étudié la réalisation et a tourné plusieurs biopics. Danai Gurira est une dramaturge naviguant entre la télévision et le cinéma. Lupita N’yongo a commencé sa carrière tard mais son talent est reconnu à chaque rôle. Quant à Winston Duke et Letitia Wright, un avenir brillant leur est promis… Et cela donne de l’espoir et motive d’autant plus à reprendre le contrôle de nos récits et de nos imaginaires.

L’excellence artistique caribéenne en action

Le succès de “Black Panther” a été documenté par de nombreux médias pendant trois mois. Les sites caribéens ont fait des tribunes à la contribution caribéenne dans la création du film. Winston Duke (M’Baku) est né et a vécu jusqu’à l’âge de 9 ans sur l’île de Tobago et Letitia Wright est, née en Guyana. À l’instar de Nabiyah Be (Nightshade) la fille du chanteur jamaïcain Jimmy Cliff, quelques-unes des Dora Milaje sont des actrices également issues de la Caraïbe… En vérité, nombreux sont les artistes afroaméricains reconnus internationalement et qui ont des origines caribéennes directes ou qui sont descendants de 1ère génération. Avec Jean-Michel Basquiat, Jimmy Jean-Louis, Garcelle Beauvais et bien d’autres, Haïti est dignement représentée. Premier Noir à remporter l’Oscar du meilleur acteur, Sydney Poitier est des Bahamas. Tout comme Matthew Knowles, le père de Beyoncé. Ou encore les jumelles Tia et Tamera Mowry. Du côté de la Jamaïque, on retrouve Lyriq Bent, Kerry Washington ou Sheryl Lee Ralph. Nia Long a des parents trinidadiens. D’ailleurs, dans la série “Le Prince de Bel-Air”, Alfonso Ribeiro (Carlton), Karyn Parsons (Hillary), Tatiana Ali (Ashley) ont aussi des origines trinidadiennes et Joseph Purcell (Geoffrey) est né à Sainte-Lucie… Bref, la liste ne cessera jamais de s’allonger. Avant “Black Panther”, je n’avais pas conscience de la contribution importante que la Caraïbe et sa diaspora avaient apportée et continuent d’apporter à la pop culture internationale par le biais du rayonnement de la culture afroaméricaine. Et cela soulève plusieurs questions sur le statut des Caribéen.nes aux États-Unis et le rapport qu’ils entretiennent avec leurs racines. Même s’ils ne sont pas en mode “represent” 24h/24 comme Amanda Seales peut l’être, le cinéma et les séries TV donnent l’impression que ce sentiment d’appartenance à une communauté est largement partagée. Quand bien même certains préjugés discriminants issus des 400 ans d’esclavage entretiennent les rivalités entre les îles… C’est d’ailleurs, à mon sens, cette dimension inter/intra-communautaire qui manquait dans le documentaire de Rohkaya Diallo, Caribéens, une success story. En tout cas, l’exemple de “Black Panther” souligne bien les qualités artistiques chez les Caribéens. Avec les bonnes infrastructures et les équipes techniques locales, notre cinéma peut allier succès d’estime et succès commercial au niveau international.

Je ne dirais pas que “Black Panther” est l’exemple à suivre. Je dirais qu’il symbolise le changement de dynamique qui s’opère dans les représentations des Noirs. Le chemin à parcourir est encore long, d’ où l’importance de se pauser et apprécier ce qui a été accompli.

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