Comment Black Panther a changé ma vie…

Cela fait plus d’un mois* que le film Black Panther est sorti, un mois que nos vies ont changé à jamais. Moi, dramatique ? Absolument pas. Black Panther s’est glissé partout dans nos vies. Prenons un exemple en toute subjectivité. Votre humble auteure, à votre service.

Online : Ce que Black Panther a changé ?

En tant qu’experte auto-proclamée du gif game, je peux vous dire que la vague « Black Panther spoiler but I don’t give you a context » lancée par Matthew Cherry le 20 février est du très haut niveau. Plus le gif a l’air déconnecté de la scène à laquelle il doit faire écho, plus la référence est brillante. Je ne peux même pas faire un top 3. Regardez le fil et éclatez-vous. Il n’y a pas de mal à se faire du bien.

Le pseudo Twitter qu’on avait la flemme de changer depuis des mois est aux oubliettes. Désormais, 95,5% des gens que je suis, rivalisent en créativité pour se rebaptiser avec des noms ayant un lien de près ou de loin avec T’Challa, Nakia, Okoye, Killmonger, M’Baku, Shuri. Perso, j’ai opté pour Lady T’Chaella et je le garde au moins jusqu’à la prochaine Saint-BP.

Les débats autour d’Idris, de Mahershala, de Trevante ou de Kofi pour définir le mot sexyness ont été remplacé par des débats sur Chadwick, Michael B., Winston Ducke et Daniel Kaluuya. Perso, je suis team Chadwick. DO NOT @ ME.

Jusqu’à présent, je ne crois pas être capable de reconnaître Jorja Smith en photo. Ce n’est pas faute d’avoir entendu parler de son physique pendant une semaine sur le Black Twitter US ET FR… Si vous ne savez pas qui c’est, je ne vais même pas éclairer votre lanterne tellement le débat autour d’elle était inutile.

A part The Shade Room qui fait au moins dix publications par jour, mon feed Instagram est constitué à 95% de publications en rapport avec Lupita, Chadwick, Winston Ducke et bien sûr Michael B. . D’ailleurs, Michael B. met à jour son Instastory de façon intense #roidufanservice. Il me donne envie de vraiment accomplir ma résolution 2018 d’avoir une activité physique régulière.

Mon feed youtube ne me propose que des interviews et autres vidéos de Ryan Coogler, des acteurs et actrices du film. De 2018 mais d’il y a 10 ans aussi. Minute confession : quand j’ai un coup de blues, je regarde une compilation de Chadwick en train de rire.

Dans la vraie vie : Ce que Black Panther a changé ?

J’ai plus de 30 ans. Titanic est le seul film pour lequel j’étais allée au cinéma plus de deux fois et c’est parce qu’on m’avait offert la place à chaque fois. Pour Black Panther, rares sont les personnes dans mon entourage qui ne l’ont vu qu’une fois. J’ai déjà deux séances de visionnage à mon actif, une solo en prévision. Pour savourer ces 2 heures de royauté noire sur grand écran, ON paye et on re-paye. Seul.e ou en famille ou entre ami.e.s.

Quand je salue en mettant les bras en croix (le droit sur le gauche), soit la personne me fait le même signe ou soit elle me dévisage sans comprendre et je la juge intérieurement. Bon, la vérité, je n’ai pas encore eu l’occasion de mettre en pratique cette théorie. Mais je compte bien le faire de temps à autre.

A la base, je n’aime pas conduire. Sept ans de permis. Sept ans que je mettais la bande-originale de Fast & Furious 5 (le meilleur des FF pour moi) pour me donner du courage quand je conduis. Depuis un mois, je ne me déplace qu’avec la BO de Black Panther dans les oreilles (sauf quand je permets à ma sœur d’écouter BTS #kpopfanlife). Pour conduire, je recommande « Black Panther », « Oops » et « King’s Dead ». Pour faire du sport, lâchez-vous sur « Paramedic ». Pour se déplacer à pied et faire comme si vous êtes dans un clip-vidéo, « All The Stars » vous aidera à garder le rythme.

Même mon smartphone est en mode Black Panther. Ma photo de Gage qui était mon écran d’accueil depuis trois mois a été remplacée par la couverture de Chadwick pour Rolling Stones Magazine. Le poster du film avec Chadwick, Lupita et Danai me sert d’écran de verrouillage. Ce visuel mélaniné m’accompagne donc tous les jours, en toute circonstance.

Enfin, je pense que le changement le plus officiel et durable sera la signification du 14 février. Dès ce 2018 et ce jusqu’à la fin de mes jours, le 14 février sera la Saint-Black Panther.

#Representationmatters

Je me souviens de la hype teintée de méfiance que l’annonce du film avait suscité il y a deux ans. La façon dont ma TL s’était enflammée m’avait poussée à regarder la première bande-annonce au bout de deux jours d’un flood de retweets et de commentaires enthousiastes. Ma TL étant géniale, je faisais quand même confiance quand elle me disait de cliquer. J’avais regardé la bande-annonce 3 fois (chose que je ne fais JAMAIS). J’avais eu le souffle coupé, certes, mais j’étais encore sceptique. Franchement au bout de 30 ans de conscience que les blockbusters ne nous mettent jamais en avant, le cynisme de dire « au moins, on est sûrs qu’ils ne mourront pas tous au début » était obligé. Et c’est vraiment cette vidéo de la distribution en promo au Comic Con qui m’avait fait comprendre que j’avais besoin de Black Panther dans ma vie.

Toute cette mélanine rayonnante, cette complicité entre les acteurs et les actrices dont la plupart ont mon âge… La crainte était d’autant plus grande que le film soit décevant, mais on était tous en mode « même si le film est nul, officiellement, il est bien ». Pendant le générique de fin, j’étais bouleversée. D’avoir aimé. Quand un Forest Whitaker et une Angela Bae Bassett sont à l’écran avec ces jeunes artistes qui ont encore tellement à nous offrir, on peut se faire une idée du chemin parcouru mais surtout du chemin qui reste encore à faire pour que ces hashtags de l’inclusion disparaissent réellement, que nos histoires soient vues comme universelles.

Franchement, laissant de côté la lecture politique et/ou féministe qu’on peut faire du film ou économique du succès, c’est la première fois que j’ai vraiment le sentiment que personne ne peut nous voler récupérer l’impact des Noirs sur la pop culture internationale. Certaines répliques du film, notamment celles de Killmonger, relaient les nombreux débats qui agitent la diaspora, peu importe qu’on soit anglophone, hispanophone, francophone etc. Black Panther nous donne une occasion de nous penser comme une communauté à travers le monde mais aussi en tant qu’individus. Ce film déclenche des joutes verbales conversations. Chaque personnage est distinct, avec sa propre personnalité et ses propres objectifs à accomplir. Tout le monde s’y retrouve, tout le monde peut s’identifier d’une façon ou d’une autre.

En fait, je vois Black Panther comme la preuve du travail ingrat quotidien, que tous les artistes noirs font depuis des décennies. Malgré les humiliations, le rejet et le manque de médiatisation, iels continuent de porter notre représentation. Certes, ce n’est qu’un film, et un film hollywoodien en plus, mais il donne l’espoir que la situation peut changer, il donne la conviction qu’elle va changer. En France aussi. Film après film, roman après roman, album après album, tableau après tableau, nous comblons les lacunes de notre représentation, sans aucune honte ni peur de s’interroger et de célébrer la diversité au sein des communautés noires.

*ndlr : cet article avait été publié pour la première fois sur plumesnoiresdefrance.wordpress.com le 18 avril 2018.

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