Focus Karayib – Gage (mon bilan 2016 – 2018)

Précédemment sur myinsaeng, en avril 2016, je lance ma rubrique Focus Karayib avec une chanson de Stony et Gage que j’ai découverte en novembre 2015. En novembre 2017, je publie mon sixième Focus Karayib et il est consacré à Gage. Nous voici en novembre 2018, vous voyez le schéma qui se reproduit ? C’est donc l’heure du bilan de ces trois années passées “avec” la musique de Gage.

 

Acte I

Je me rappelle de mon enthousiasme lors du concert de Gage en novembre 2017. En plus, dans un contexte piano-voix (mon préféré) ? Tous les éléments sont réunis pour (re)découvrir réellement sa sensibilité d’artiste. Je ne m’attends pas à me redécouvrir moi, mais c’est ce qui arrive. Les quelques larmes que je verse dans ses bras sont libératrices parce que je me rends compte que j’ai survécu et que je me sens vraiment capable de surmonter d’autres épreuves. Je regrette toujours de ne pas avoir su faire un selfie digne de ce nom… Mais la magie du moment, ce moment où je dis au revoir aux doutes, à la tristesse qui me pesaient depuis tant d’années, restera immortalisée dans ma mémoire.

Acte II

Au concert du 5 octobre 2018, je suis dans un état d’esprit complètement différent. Là, je suis vraiment venue m’amuser et kiffer la vibe. Je karaoke (oui de karaoker, verbe du 1er groupe, je karaoke, tu karaokes etc) avec Gage. Au concert d’avant, c’était sur Sade #mygoddess. Là, c’est sur du Janet, du Michael, du Cindy Lauper, du MC Hammer… Vous n’imaginez pas mon bonheur. Un lâcher prise total… Et cette fois-ci, je vois réellement le showman que Gage peut être. Sa reprise de “Anytime, Any Place” de Janet Jackson ? On en parle OU ON EN PARLE ? Heureusement qu’il n’a pas chanté “Again”, sinon il aurait peut-être fallu me réanimer. Et je plaisante à peine. Y a-t-il beaucoup d’artistes hommes capables de faire des reprises de chansons d’artistes femmes en y mettant autant de sensualité sans tomber dans la caricature ?

Acte III

Je ne cache pas avoir hésité à aller au concert du 9 novembre. Le répertoire de concert de Gage ne me plaît pas plus que ça (#sorryNOTsorry), donc je n’ai pas envie de gâcher l’euphorie de la première fois. Mais en même temps, sachant qu’il a des longues périodes où il se fait rare et il n’utilise pas trop les réseaux sociaux où je le suis, je me dis qu’il faut en profiter. D’ailleurs, je constate que j’ai fait plein de concerts depuis un an. Les seuls où j’ai eu des galères au point de me demander si je vais quand même sortir, c’étaient pour les concerts de Gage. La première fois, j’ai mis une heure à trouver la salle (je ne me perds jamais, so don’t even ask). La deuxième fois, j’ai mal géré mon temps de trajet et il y a eu une suppression de bus, ET j’ai failli me faire une entorse parce que j’avais eu la bonne idée de mettre des talons. La troisième fois, j’ai enchaîné des galères au boulot, à la maison sur la semaine entière. Je me suis vraiment demandée si ce n’était pas l’univers qui m’envoyait un signe pour me dire de rester chez moi. Rien que d’y penser, je….

Bref. Était-ce l’univers qui rééquilibrait la balance parce que je ne suis pas une fan pure et dure ? Était-ce parce que j’avais déjà annoncé que ce serait mon dernier concert de Gage tant qu’il ne sortirait pas d’ALBUM inédit donc je devais traverser des épreuves pour mériter cette soirée de détente ? I don’t know, mais j’ai rarement vécu de semaines aussi catastrophiques, so who knows ?

Quand il monte sur scène avec sa veste Soul Rebel, le ton de la soirée est donné. Nostalgie et émotion. Il enchaîne quelques chansons de son premier album. Je vibe mais sans plus (écoutez, je ne vais pas me forcer). Par contre, les ondes d’amour émanant du public font vibrer l’atmosphère. D’après mes accompagnatrices A et G, elles ne m’ont jamais vu sourire autant et aussi longtemps…

Mais qui peut rester de marbre dans une telle bulle d’énergie de bienveillance ? Bon, il y a bien ce gars qui accompagnait sa chérie. Elle vivait clairement sa best life et lui est resté immobile toute la soirée. MAIS je veux dire personne, à part les jaloux du sex-appeal de Gage, ne pouvait rester insensible. Personne.

Quand il y a “Je T’aime Quand Même” (my Gage Anthem), j’ai des frissons. Le public passe en mode “watch us karaokeing that ish right here and right now.” Elles chantent sur l’INTRO et sont tellement dans leurs sentiments qu’elles manquent le signal de Gage pour faire la reprise du premier couplet. En toute franchise, c’est la seule chanson que je reconnais dès les premières notes. Pour toute chanson post-Soul Rebel era, Gage a parfois le temps d’arriver au refrain avant que je ne retrouve le titre dans ma tête.

Au moins je connais les titres, à défaut de connaître les paroles par cœur. Il y a du progrès depuis deux ans, non ? Bref. Au fil du concert, je continue de m’interroger sur son parcours en tant qu’artiste. Son émotion est palpable. Il en oublie même les paroles d’une chanson. Il commente son erreur avec humour, se ressaisit en deux secondes top chrono et recommence. Et là, je vois Gage. J’imagine les doutes, les sacrifices, les déceptions, les échecs, les remises en question qu’il a affrontés pour se tenir debout là ce soir face à des gens qui lui sont fidèles et qu’il peut appeler son public.

Quand Falone et lui interprètent “Parle-Moi”, je tombe dans mes feels. J’associerai toujours cette chanson à l’introspection qui a mené à ma renaissance. Est-ce que ce titre m’aurait autant marqué si Stony avait chanté avec quelqu’un d’autre ? Je ne pense pas. C’est vraiment la voix de Gage entendue à ce moment précis de ma vie qui me met dans mes sentiments. Et là j’arrive enfin à poser des mots sur le pourquoi je soutiens un artiste dont je ne connais pas plus de trois titres alors qu’il est dans le game depuis 15 ans. Il est ma définition vivante du mot “passion”.

Au-delà de tout le sentimentalisme et de mon côté fangirl quand je tweete “aaah Gage est trop beau”, ce qui fait que j’achète une place de concert, que je vibe quand même sur des chansons que franchement je n’aime pas, c’est le respect que lui m’inspire. Malgré les galères, il reste là. Malgré le struggle, il garde la foi.

Lors de ce troisième concert, j’ai vu un Gage humble à l’écoute de son public.

J’ai vu un Gage lover boy maîtrisant chaque regard et chaque geste pour donner l’impression à chaque fan qu’il ne chante que pour elle.

J’ai vu un Gage nerd et joueur. Sa tête quand mon amie A lui a demandé en créole de chanter en créole.

J’ai entendu un Gage dont le potentiel artistique reste encore grandement inexploré. Je lui souhaite vraiment de s’épanouir dans sa musique future.

Épilogue

En fait, la musique de Gage est comme avoir un ami discret qu’on ne contacte que sporadiquement sur un coup de tête. Ensemble, vous faites la mise à jour de vos vies. Cet ami exprime précisément ce que vous ressentez, met des mots sur vos joies et vos peines, surtout sur vos peines. Parfois, vous le rejetez parce qu’il vous dit des vérités que vous n’êtes pas encore prêt à entendre. Parfois, vous êtes en fusion totale. Cela peut durer quelques mois voire quelques semaines, voire l’espace d’une chanson. Le temps nécessaire pour faire le bilan avant de repartir chacun de son côté et affronter la vie. C’est une relation sans engagement, sans planification, mais on sait que l’autre sera toujours en rendez-vous en cas de besoin. Vous voyez ce que je veux dire ?

J’ai écrit ce passage il y a un an quasiment jour pour jour. Il reste valable encore aujourd’hui et je pense qu’il le restera jusqu’à la fin de ma vie. Je ne suis peut-être pas une “vraie” fan, mais quand j’ai choisi de donner de mon temps et de mon attention à un.e artiste, et que ce qu’il/elle fait reste en accord avec mes principes, je suis ride or die.

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