Ecrit par Angie Thomas, The Hate U Give est un roman jeunesse sorti en février 2017. La hype pré-publication était totalement méritée. Les éloges post-publication le sont encore plus.
Starr Carter est une ado afroaméricaine de 16 ans. Son père, ex- grand dealer dans un gang, et sa mère font tout pour que ses frères et elle aient un foyer stable. Les enfants vont donc dans une école privée de Blancs où ils essaient de mettre toutes les chances de leur côté pour éviter le destin réservé aux jeunes issus de leur quartier. Cependant, l’assassinat de son ami d’enfance Khalil lors d’un contrôle policier la force à réfléchir sur son identité et à sa place dans la société.
Un roman dynamique
Je n’ai pas réussi à m’arrêter quand j’ai commencé. Une adaptation à l’écran est déjà en cours ave Amandla Stenberg dans le rôle principal. Ce n’est pas étonnant. Bien que tout soit raconté du point de vue de Starr, l’intrigue est construite sur un rythme rapide et les scènes avec une forte charge émotionnelle s’enchaînent. La mort de Khalil n’a pas un impact uniquement sur sa famille ou sur Starr. Elle affecte tout le quartier peuplé d’une foule de personnages multidimensionnels. De la rivalité entre les gangs aux commerçants en passant par la famille élargie de Starr, c’est toute une communauté qui est en deuil et se révolte face à un énième exemple de la brutalité policière.
Un roman d’actualité mais ancré dans l’Histoire
A l’élection de Trump, une interview de 2Pac de 1992 a refait surface. Le rappeur formulait déjà les problèmes du capitalisme et appelait à une responsabilisation de ceux qui dirigent l’économie pour aider ceux dans le besoin à se sortir de leur condition et ne plus être dépendants du système. De Malcolm X au mouvement Black Live Matters en passant par 2Pac, “The Hate U Give” donne un bref aperçu éclectique de l’histoire de la résistance afroaméricaine dans la seconde moitié du XXe siècle. Starr est fière de sa culture, de son passé. Elle en maîtrise les codes, grâce à son père. Mais ces mots, ces anecdotes, ces codes, ces valeurs qu’elle peut énoncer sans la moindre hésitation ne prennent tout leur sens qu’à la mort de Khalil. Ainsi, la nouvelle génération peut se rendre compte qu’elle est l’héritière d’un combat qui a commencé il y a longtemps.
Un roman d’initiation
Malgré la dureté des thèmes abordés, Starr reste une adolescente. Sa famille, ses amitiés, son premier amour… Tout prend une perspective différente avec la mort de Khalil. Au fil des pages, l’adolescente réfléchit au tiraillement constant qu’elle ressent par rapport à l’image qu’elle veut renvoyer. Est-elle la Noire de service auprès de ses ami.e.s blanc.he.s ? Est-elle un passe-temps pour son riche petit-ami ? Doit-elle culpabiliser de recevoir une bonne éducation alors que ses amis d’enfance se battent pour rester en vie chaque jour ? A-t-elle trahi son quartier, sa communauté ? Starr cherche à répondre à chacune de ses questions. Ses illusions disparaissent l’une après l’autre alors qu’elle ouvre les yeux sur le monde des adultes dans lequel elle entre brutalement.
Que ces morts ne soient pas vaines… C’est la note d’espoir que j’ai ressenti en fermant le livre. La solidarité au sein de la communauté, au sein des adolescents, est présentée comme une condition nécessaire à la survie. Mais solidarité ne signifie pas que les individus n’ont pas le droit de chercher à s’en sortir de façon individuelle, car celui/celle qui a réussi est alors en meilleure position pour aider les autres à faire de même. En France aussi, la brutalité policière, la violence étatique sont des sujets sensibles et toujours d’actualité. Une fiction de type “The Hate U Give” avec les spécificités françaises aurait de quoi aider les discussions avec les générations qui grandissent avec les mêmes peurs que ses aînés.
One response to ““The Hate U Give” ou les peurs des ados afroaméricains”
[…] plutôt productif. Je fais partie des milliers de personnes qui ont reçu une claque en lisant The Hate U Give. Le documentaire Lady of Percussion m’a fait ragé une nouvelle fois sur le potentiel […]
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