diclaimer: les photos et les gifs ne m’appartiennent pas.
Màj: la première version de l’article contenait la chanson “Pitit an mwen” chantée par Mirella Toussaint. La vidéo n’étant plus en ligne, je l’ai remplacée par un clip-vidéo de Jocelyne Béroard.
Avant de commencer, si ta connaissance de la K-Pop s’arrête à “Gangnam Style” et les reportages, articles parus sur le thème “les Coréens produisent des artistes robots à la chaîne”…
Merci de repousser ces préjugés dans le coin le plus sombre de ton esprit, mon ami.e. Je ne dis pas de t’en débarrasser, mais oublie-les quelques secondes. Quand j’emploie K-Pop ici, c’est dans le sens “musique populaire coréenne”, ce que les Coréens appellent “gayo”. S’il faut vraiment trouver un équivalent en français, ce serait “variété” mais… “gayo”, c’est vraiment juste pour dire “musique coréenne” donc c’est n’importe quel style de musique, mais le terme peut prendre la même connotation que “variété française” à pour nous, c’est-à-dire l’idée que ce n’est pas contemporain, que ce n’est pas de la musique “cool”.
Ce qui m’a plus dans la K-Pop idol (celle que tu connais probablement), c’est le style hybride qui avait ce côté US très fin années 90-début 2000. Bon on dirait que la trap… le trap? Bref, que le style trap commence à entrer dans les productions coréennes grand public, nous verrons où ça nous mènera, mais entre Seo Taiji & Boys qui s’est séparé au sommet de sa gloire il y a 20 ans cette année et NCT U, le nouveau projet de SM Entertainment que l’industrie musicale suit avec attention, il y a un monde.
A côté de ça, il y a des artistes non-idol. Moins médiatisés dans le fandom international, certes, mais qui ont un public coréen fidèle et remplissent des salles de concert. Quand je dis K-Pop ici, je parle d’artistes non-idol comme K.Will, Gummy (my queen), Baek Z Young, Sung Si Kyung etc… Leur style de prédiction est la ballade, mais ils peuvent aussi faire de la pop acoustique. Cela varie en fonction des saisons.
K.Will – Day 1 (2014)
Et là, mon ami.e, tu te dis où est le rapport avec le zouk ? Eh bien, je trouve que l’expérience musicale est la même. Toute proportion gardée, ce sont deux styles musicaux qui se retrouvent confrontés aux mêmes enjeux dans leur conception, leur diffusion et leur rôle dans la transmission culturelle. Donne-moi une chance de partager mon point de vue parce que tu dois être comme ça depuis la lecture de l’article :
Une majorité d’artistes solo
J’avoue qu’à part Kassav’, le duo Réal Limit à l’époque (souvenirs souvenirs), quand je pense zouk, il n’y a que l’expression “artiste solo” qui me vient en tête. Et quand j’écoute le top 50 hebdomadaire de MFM, il y a quelques collaborations, mais ce sont principalement des artistes solo. C’est la même chose pour les chanteurs de ballade coréens. Il y a quelques groupes spécialisés dans les ballades R&Bisées comme Soulstar, Noel ou 5tion, Vibe, mais pour chanter des chansons d’amour, la voix solo est principalement choisie.
Un style hybride
Que ce soit du zouk love bien love comme du Medhy Custos ou un zouk au rythme festif comme du Kassav’, le zouk dans toutes les déclinaisons qu’il peut avoir emprunte à des influences musicales de tous les horizons. On danse, on love, on en redemande.
Stony – Parle-moi (feat. Gage)
(oui je cherchais juste une excuse pour en remettre une couche avec ce titre)
Alors la ballade coréenne n’en est pas encore à mixer des univers complètement différents, peut-être même qu’elle ne le fera jamais, mais la médiatisation du K-hip-hop depuis 5 ans fait qu’elle s’ouvre aussi à ce style musical. Des artistes ballades collaborent de plus en plus avec des artistes hip-hop et ça peut donner quelque chose d’intéressant comme la récente collaboration entre Baek Z Young et Verbal Jint…
Et Lee Hyori a remis au goût du jour le style funky rétro il y a quelques années et les Mamamoo surfent sur cette vague à fond.
La langue
C’est certainement l’enjeu le plus important et le plus complexe. En tant qu’artiste, le but est de se faire entendre du public le plus large possible et la barrière de la langue fait partie des éléments qui peuvent se couper de potentiels auditeurs. Quand j’ai recommencé à écouter du zouk régulièrement l’année dernière, j’ai été surprise d’entendre autant de français. Il est vrai que les derniers tubes de ma lointaine jeunesse dont je peux me souvenir étaient effectivement chantés en français, mais c’était l’exception. Là, j’ai l’impression que la tendance s’est inversée. Les chansons chantées entièrement créoles viennent des artistes qui étaient déjà lancés dans les années 90-début 2000 et la nouvelle génération ne chante qu’en français. Alors que la K-pop idol est tournée vers l’international avec des paroles en anglais à la structure grammaticale parfois hyper bancale, les artistes qui chantent une ballade privilégient le coréen puisqu’ils visent d’abord un public coréen et les chansons se transmettent d’une génération à l’autre. Des mots anglais ont intégré la langue coréenne au même titre que nous utilisons parking, week-end et autres anglicismes sans y penser à deux fois. Néanmoins, les paroles restent fondamentalement en coréen. D’où mon interrogation : quel public visent les chanteurs de zouk francophones aujourd’hui ? Je me rappelle le débat, qui a peut-être toujours lieu, où on reprochait aux artistes de zouk de se la jouer trop US avec des “baby”, “darling”, “I need you” en plein milieu de la chanson. J’en riais à l’époque parce que je ne voyais pas où était le problème tant que les artistes chantaient en créole. S’il y a bien une langue qui fait un mix naturel, c’est le créole alors si dire “baby I need you, mwen bizenw’” peut permettre de s’exporter vers les autres pays de la Caraïbe et ailleurs voire conquérir d’autres marchés non-francophones, pourquoi s’en priver ? Mais “baby I need you” dans un océan de paroles en français, j’avoue, ça me déstabilise parfois. Pas tout le temps, mais parfois et ça m’amène à la question de la transmission, à ces chansons qui deviennent des classiques au fil des générations. J’étais sous le choc quand j’ai entendu parler de rétro zouk je ne sais plus où et on m’a sorti le titre “Natirel” de Sonia Dersion.
Bon okay… La chanson a 19 ans. * TOUSSE TOUSSE * Donc, c’est du… rétro zouk. Et dans 19 autres années, le rétro zouk des bébés 2016 sera essentiellement des chansons en français ?
Je peux à peine aligner deux phrases en créole de plus de quatre mots, donc je suis mal placée pour juger, mais c’est la musique qui a été mon premier contact avec le créole. Pour la petite anecdote, la première chanson que j’ai apprise entièrement en créole était “Viré” de Gilles Floro et j’étais tellement fière de prononcer autant de phrases en créole sans trébucher (même si la partie “soley a zyé blé” garde toujours une part de mystère pour moi). Plus j’approfondis mes connaissances dans des langues étrangères, plus je prends conscience de la beauté des sonorités du créole. Parmi les chansons zouk médiatisées en ce moment, beaucoup me plaisent mais très peu me permettent de retrouver cette connexion entre la langue et la musique. Quelque soit le type de musique (dancehall, zouk, etc), le créole sonne… Il faut juste créer les chansons pour le faire sonner. Genre quand Jocelyne Béroard ou Tanya St-Val se mettent à chanter en créole.
Certes, c’est une question de timing qui fait que plein de chansons à la mode en même temps se trouvent être en français. Tout n’est qu’un perpétuel cycle qui recommence, mais cela m’interpelle quand même par rapport à la vie de la langue si la musique sert de moins en moins de vecteur de transmission… Alors, mon ami.e, je ne t’ai peut-être pas convaincu.e que le zouk et la K-Pop avaient des points communs, mais merci d’avoir lu jusqu’au bout.
One response to “Zouk et K-Pop, quels points communs ?”
[…] au titre “Parle-moi” de Stony et Gage. J’ai tenté une comparaison entre l’approche antillaise de la musique et l’approche coréenne. Article à peaufiner. Je maintiens tout ce que je dis, mais je dois vous trouver des exemples plus […]
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