[Review] Taxi Brooklyn

Etant une des millions de fans de la saga “Taxi” et parce que j’ai décidé de soutenir la fiction française, je me devais de regarder “Taxi Brooklyn”, la série événement du premier semestre 2014 pour TF1.

La série est produite par Europacorp Télévision, autrement dit par Luc Besson. Je ne suis pas une fan inconditionnelle, mais je fais partie de ceux qui aiment son approche de l’audiovisuel, donc son nom est suffisant pour être un gage de qualité à mes yeux, quelque soit le projet. Après le nom Luc Besson et la référence à la saga “Taxi”, l’argument vendeur était “une série française faite à l’américaine”. Je ne sais pas si c’est comme ça que la production voulait la vendre ou si ce sont les médias qui ont fait le raccourci. En ce qui me concerne, je suis passée par les étapes “confusion”, “hilarité”, “scepticisme” puis “curiosité” et, après les deux premiers épisodes, “espoir” puis de nouveau “scepticisme”.

Sur une saison de 12 épisodes, je ne retiendrai que les deux premiers et le dernier. Ils ont choisi un format avec une enquête principale comme fil conducteur avec une enquête secondaire par épisode (j’ai envie de dire une petite pensée pour la première saison de Veronica Mars, alors je le dis). Le plus important pour moi est le scénario. Les acteurs peuvent mal jouer, la réalisation peut être mauvaise, mais tant que l’intrigue se tient, je suis le mouvement. Avec “Taxi Brooklyn”, j’ai trouvé que la réalisation était impeccable, clean à l’américaine effectivement (quoique le montage choisi ou certaines scènes de transition m’ont laissée perplexe parfois), mais les intrigues étaient beaucoup trop simplistes. Je dis bien “simpliste” et non pas simple. On peut avoir des intrigues policières simples mais efficaces, mais les 3/4 des enquêtes étaient beaucoup trop simplistes. C’est un épineux problème qui vient en partie du choix narratif pour les séries policières : soit on donne des indices que le téléspectateur n’arrive pas à connecter tant qu’il n’y a pas le dénouement de l’histoire (Veronica Mars dans ses bons épisodes), soit on suit vraiment le point de vue de l’enquêteur avec des révélations par vagues et le téléspectateur ne comprend qu’au moment du dénouement (quasiment toutes les séries policières américaines).

Pause : Je fais beaucoup référence à Veronica Mars parce que c’est l’exemple pour moi où le manque total de réalisme (une ado qui mène des enquêtes dans des contextes en rapport un univers ado) n’empêche pas de divertir et de pousser le téléspectateur à s’interroger.

La plupart des épisodes “Taxi Brooklyn” avaient un schéma narratif où l’intrigue était prévisible dès les 5 premières minutes avec le premier indice. Et tous les autres indices conduisaient dans cette direction et il n’y avait pas de surprise ou de fausse piste. Et quand cela n’était pas le cas, j’avais justement l’impression qu’il n’y avait pas d’intrigue et que l’épisode n’avait pas de direction… Et cette impression était d’autant plus renforcée parce que les dialogues tombaient à plat. Là, j’émettrais une petite réserve. Peut-être que c’est une question de traduction et quand les répliques sont dites en anglais, les jeux de mots et les chutes passent mieux… Mais quand même, j’arrivais à imaginer ce qui était dit en anglais parce que c’étaient des répliques un peu bateau, donc… si, ça tombait un peu à plat.

Je ne parlerai même pas du doublage. Je ne sais pas si c’est parce que ça fait quelques années que je ne regarde qu’en VO ou en VOSTFR, mais j’avais vraiment du mal avec le doublage, en particulier pour les personnages français où les acteurs se doublaient eux-mêmes. Je suis sûre que Jacky Ido en anglais devait sonner bien et donner plus de caractère à son personnage.

Et j’en viens donc aux personnages. On peut saluer le fait qu’une série américaine propose un personnage français qui sort des stéréotypes visibles (vous voyez ce que je veux dire?)… A part une obsession pour le football et l’éternelle guerre PSG vs. l’OM. Leo (Jacky Ido) est un mélange entre un homme suave et bad boy. Il peut porter le jogging et être classe dans son costume trois-pièces. Pour le côté sensible, il est montré comme un père aimant, bien qu’il n’ait pas un passé clean qui le rattrape dans le dernier épisode.

A l’inverse, Caitlin (Chyler Leigh) ou “Cat” pour les intimes est le stéréotype de l’inspecteur de police femme à l’allure de garçon manqué, qui se prend des remarques pour son manque de féminité, impulsive et qui ne sait pas conduire. Je ne sais pas trop si la série visait une complicité basée sur de la tension sexuelle entre Leo et Cat. Si tel était le cas, je n’y ai pas été du tout sensible. Je les ai juste vus comme deux partenaires dans les enquêtes. Mon problème était que Cat n’a pas été montrée comme un bon flic et Léo, qui met à profit son expérience dans les rues de Marseille, était beaucoup trop bon à toujours être celui qui trouve les solutions dans chaque enquête. A un moment, quand je regarde une série policière, c’est pour voir les policiers faire leur boulot et non pour avoir droit à une démonstration sur le fait qu’ils ne savent PAS faire leur boulot. Cat est soi-disant présentée comme un BON flic, sauf que pendant toute la série, elle ne fait RIEN et ne trouve RIEN sans l’aide de Léo qui n’est PAS flic… C’était surtout dans un but humoristique, je pense, mais c’était vraiment trop. Ca a créé un déséquilibre dans leur relation où tout le monde, Leo le premier, n’arrête pas de dire que Cat est un bon flic et ils lui font confiance pour résoudre les enquêtes les plus difficiles… Sauf que tout le monde fait le boulot pour elle. Je veux bien croire que Cat est un bon flic, j’aurais juste aimé que la série me le montre.

Je ne vais pas citer mon duo de choc Olivia Benson et Elliot Stabler de “New York Unité Spéciale” (Law & Order :Special Victims Unit), pour un exemple le plus récent d’une belle dynamique avec joute verbale entre un homme et une femme sans pour autant qu’il y ait un jeu de séduction qui mène au sexe, je citerai Sherlock et Joan Watson dans “Elementary”. (en voilà un autre exemple où les intrigues policières ne sont pas particulièrement intéressantes, mais l’interaction entre Sherlock et Joan vaut le détour). Autre exemple où la séduction était le but recherché, ce serait Castle et Beckett dans “Castle”… Castle a beau être l’élément qui aide Beckett à trouver la solution, elle peut se débrouiller seule et c’est Castle qui porte le côté fantaisie. Leo était trop et Cat n’était pas assez.

Pour résumer, malgré un visuel attrayant, “Taxi Brooklyn” m’a donné l’impression de combiner à la fois les faiblesses ou les travers des séries américaines et françaises. Je critique parce que j’ai vu un vrai potentiel et que mon enthousiasme du départ ne s’est pas maintenu, mais je regrette pas de lui avoir consacré ces 12×45′ de ma vie. Ca se laisse regarder, mais rien de plus.

Une saison 2 est déjà prévue pour 2015, mais la grande question est donc de savoir si la série va plaire au public américain. Affaire à suivre~

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