ABC Family
Saison 1 : 11 juin 2013 – 24 août 2013
Au début de l’été, alors que je consultais la date du début de diffusion de Switched at Birth, j’ai appris l’arrivée d’une série inédite sur ABC Family : Twisted. Je ne suis pas particulièrement fan du poster mais j’ai été suffisamment intriguée pour aller voir une bande-annonce.J’étais plutôt réticente, car j’étais face à l’éternel dilemme : je trouve le sujet intéressant mais ai-je envie de m’investir émotionnellement pour risquer d’être déçue et regretter d’ y avoir consacré quelques heures de ma vie que je ne récupérerai jamais ? Avec des séries comme Dexter et Breaking Bad qui ont redéfini l’archétype de l’anti-héros, bâtir une histoire sur un adolescent condamné pour le meurtre de sa tante et qui est accusé d’un nouveau meurtre alors qu’il tente de se reconstruire… J’étais vraiment emballée. Ma réticence venait plus du fait qu’il s’agit d’ABC Family, donc risque élevé de dark bubble gum et pas de dark DARK, et surtout c’était une saison en période de test avec 12 épisodes commandés (en fait il n’y en a eu que 11). Ca aurait été un K-Drama, pas de souci. Là, je SAVAIS que le dernier épisode n’apporterait pas de réelle conclusion et ça aurait été vraiment frustrant d’avoir passé 12 heures à attendre que la série nous donne quelques éléments de réponse sur une partie du mystère.
Lacey, Danny et Jo
Danny Desai (Avan Jogia) a passé 4 ans dans un centre pour délinquants après avoir été reconnu coupable du meurtre de sa tante. La série commence avec son retour dans son ancienne ville où les habitants le craignent. Au lycée, il est surnommé socio (diminutif de sociopathe) et il est exclu, ce qui ne le dérange pas particulièrement puisque la seule chose qui lui importe est de retrouver ses deux amies d’enfance : Jo Masterson (Madeleine Hasson) et Lacey Porter (Kylie Bunbury). Enfants, ils étaient inséparables, puis après l’acte de Danny, Jo et Lacey se sont éloignées, chacune gérant le traumatisme à sa manière. Jo s’est enfermé dans sa bulle “je-la-joue-anti-conformiste-anti-sociale-et-je-me-moque-de-la-clique-des-populaires-du-lycée” sauf avec les intellos du lycée dont son meilleur ami Rico (Ashton Moio). Lacey a pris la direction opposée en devenant une de ces filles plus populaires que Jo déteste.
Quand Danny fait son retour au lycée, Jo ne peut s’empêcher de prendre sa défense et essaye de l’aider à s’intégrer alors que les autres élèves le fuient ou se moquent de lui. Pour lui, elle accepte d’aller à la soirée organisée par Regina, la queen b!tch (je vois une référence à la méchante Regina George de Mean Girls, personne ne me persuadera du contraire), la meilleure amie de Lacey et fascinée par Danny qu’elle veut absolument mettre à son tableau de chasse. La soirée a forcé Lacey à communiquer avec Jo et Danny qu’elle a raccompagnés en voiture… Le lendemain, Regina est retrouvée assassinée et Danny est évidemment celui qui est accusé.
De là, il devra prouver son innocence, grâce l’aide de Jo et de Lacey pour laquelle il éprouve une attirance incontrôlable. Le trio mène secrètement l’enquête alors que tout semble indiquer que le meurtre de Regina est lié au meurtre de la tante de Danny et donc que Danny est impliqué d’une façon ou d’une autre.
Ce que j’ai adoré : le fait qu’il soit impossible de définir clairement si Danny est un sociopathe. En tant que téléspectateur, nous le voyons mentir et manipuler les autres personnages mais le scénario était toujours arrangé de façon à lui donner une bonne raison de le faire. S’il est effectivement innocent du meurtre de Regina, on peut comprendre qu’il use de tous les moyens pour le prouver. S’il est coupable, cela rend son personnage d’autant plus effrayant… Et c’est concrètement la seule chose que j’aime sans “mais…”
Ce que j’ai aimé : la relation entre Danny et sa mère Karen (Denise Richards). Le dilemme psychologique était : “puis-je faire confiance à mon fils?”. Notre culture nous dicte que l’amour entre une mère et son enfant est naturel, va de soi et qu’il est indestructible… La série s’attaque à cette idée reçue, car on découvre au fil des épisodes que Danny et Karen ont une relation difficile quasiment depuis qu’il est né, pourtant elle est prête à tous les sacrifices pour lui. Est-ce par sentiment de culpabilité parce qu’elle pense ne pas l’avoir aimé comme une mère aurait dû ? Est-ce à cause de cet amour incommensurable qu’une mère éprouve pour sa progéniture ? Si Danny est coupable, non, le simple fait qu’elle le pense coupable et continue de le protéger malgré tout, est-ce bien ou mal ? On parle d’un meurtre, quand même. Est-ce bien de protéger ceux qu’on aime de la justice quand ils ont enfreint la loi ? Chacun peut avoir son interprétation.
Ce que j’ai moins aimé : l’enquête n’était pas particulièrement trépidante avec des indices qui apparaissent de nulle part pour faire avancer le scénario, mais je pouvais faire avec car je sais que ce n’est pas du NCIS ou du CSI. Par contre, j’étais là pour le jeu psychologique sur “à qui puis-je faire confiance?”, sur l’exploration de l’amitié que ce soit entre Danny/Jo, Danny/Jo/Lacey, Danny/Lacey ou Jo/Lacey… Et c’est ce que la série a fait jusqu’au 6 ou 7ème épisode. Je n’ai pas aimé la direction prise par la suite à partir du moment où le triangle amoureux a été mis en place pour obéir aux exigences des fangirls de team Janny (Jo + Danny) de l’univers des séries US où tout personnage adolescent ne peut exister qu’à travers une romance au risque de changer le ton de la série en question défiant parfois toute logique ou réalisme à la gloire d’une scène de baiser intense. Je l’admets, j’étais Team Dacey (Danny + Lacey), mais ce n’était pas pour ça que je regardais la série. Je sais que si mon meilleur ami commettait un meurtre, je passerais plus de quelques semaines à me demander si je veux redevenir amie avec lui et comment y arriver. Ma première, ni ma deuxième ni même ma centième pensée ne serait pas “je suis totalement amoureuse de lui” (qu’il soit charmant comme Avan Jogia ou pas). Je suis une fan du premier amour, des ados maladroits qui découvrent les émois des premières fois, mais Twisted a fait l’inverse avec des personnages de 16 ans, même ceux qui disent découvrir les joies de l’amour charnel, qui se trouvent être des experts… A part Rico, car il faut toujours le Steve Urkel alias le nerd qui en sa qualité de nerd n’a le droit d’aimer que celle que tout le monde aime et ne pas être aimé en retour. Bref, l’angle de l’amitié aurait pu être plus intéressant pour développer les personnages et les relations qu’ils entretiennent…
Ce qui m’amène à ce que j’ai réellement le moins apprécié : Twisted a été promu avec un trio de personnages principaux et on aurait pu penser que le personnage le plus important des trois serait Danny, vu qu’il est quand même au coeur du mystère. Erreur. C’était le Jo Show. Les 4 derniers épisodes, surtout le dernier, étaient consacrés à ce que Jo ressent, à ce que Jo pense ou ce qui se passe dans la famille de Jo alors que des choses importantes, vraiment plus importantes se déroulaient et les émotions/réactions des autres personnages étaient brièvement voire pas du tout traités par rapport au nombre de scènes qu’a eues Jo. L’exemple le plus criant est la famille de Lacey. En 11 épisodes, nous avons vu la mère (Robin Givens) 3 fois, le père (1 fois) et la petite soeur invisible qui n’est jamais apparue même pendant l’épisode consacré à son propre anniversaire. Non. Je trouvais Jo mignonne au début de la série, mais lui donner autant de scènes sans rapport au mystère principal qui était, je le rappelle, “qui a tué Regina? mission il faut sauver Danny” a créé un déséquilibre et fait trainer l’intrigue en longueur… Fort heureusement, les K-Dramas m’ont appris à accepter le fait de ne pas aimer le personnage féminin principal et d’assumer complètement le fait de ne me préoccuper que des personnages secondaires, mais cela reste quand même problématique. Sans compter les hashtags qui invitaient les téléspectateurs à sympathiser avec elle et ses problèmes de coeur alors que Danny et Lacey étaient laissés de côté… Les fans de la série pensent d’ailleurs que le favoritisme envers le personnage de Jo était dû au fait que Danny et Lacey étaient des personnages non-blancs et que le show runner a l’habitude de transformer ce type de personnages en faire-valoir. Je n’irai pas jusque là, mais sans avoir aimé la façon dont les personnages de Danny et Lacey ont été développés, je salue quand même le fait de voir des personnages non-blancs dans une série qui n’est pas all-black ou all-asian être placés en seconde ligne sans tomber dans une caractérisation cliché du style “la noire diva ghetto fabulous” ou “le métis qui connaît une crise d’identité par rapport à ses origines”. Il est vraiment paradoxal d’avoir occulté ces clichés et de n’avoir pas exploité pleinement le potentiel de leurs personnages de simples ados ayant vécu un événement extraordinaire qui les affecte même des années après, sans passer par la case amour.
Jo, Danny et Lacey
La saison 1 de Twisted est donc partie du genre thriller psychologique sauce ado, est passée par une phase gang Scooby Doo, pour finir en mode faussement dark guimauve avec des personnages agissant typiquement comme dans une série pour ados à l’eau de rose. Souvent comparé à Pretty Little Liars dont j’ai suivi uniquement la saison 1, Twisted a repris la même formule qui m’a fait arrêter de regarder PLL par la suite. Quand il y a un meurtre à résoudre, essayer de distraire l’attention du téléspectateur avec les histoires de coeur des personnages adolescents peut marcher sur une saison, mais ce n’est pas suffisant pour les non-amateurs du cycle éternel du couple principal qui se sépare pour se remettre ensemble. La seconde partie de la saison 1 sera diffusée à partir de Janvier, je serai au rendez-vous, mais je doute d’avoir l’endurance pour une saison 2 si la série propose une nouvelle fois un cliffhanger qui, tout intéressant qu’il soit, était prévisible dès la moitié de la saison. Que le mystère soit tourné dans tous les sens, que la vérité soit tordue, que les mensonges deviennent réalité, que la réalité soit une illusion… Je suis prête pour ce type de voyage émotionnel.
2 responses to “Twisted… ou comment éviter de tordre la réalité”
Nice troupe. l like Lacey!
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Me too! Favorite character. She’s classy, stands up for herself and admits her mistakes. I hope she’ll get more of a solid background story for the second part of season 1. I mean, that invisible little sister who has a whole episode dedicated to her birthday party is something I will remember for a long time. lol
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