Autant j’avais été bouleversée par Absent, autant Hair Wolf m’a laissée dans la perplexité.
Ecrit et réalisé par Mariama Diallo, ce court-métrage fait le circuit des festivals depuis quelques mois et a été projeté lors du Champs Elysées Film Festival (12 – 19 juin 2018). En une quinzaine de minutes, il met en scène la lutte vaine de trois employés d’un salon de coiffure afro contre une cliente blanche qui les vampirise. Les questions de l’appropriation culturelle et la gentrification des quartiers populaires font partie des débats agitant les communautés noires des Etats-Unis depuis plusieurs années. C’est d’ailleurs ce que Spike Lee met en lumière pour soutenir l’intrigue principale dans la dernière partie de la version série de She’s Gotta Have It (saison 1). Mariama Diallo a choisi de tenir le même discours en associant l’esthétique flashy des années 70 et la pop culture du 21ème siècle. Tous les débats que le Black Twitter peut avoir sur l’utilisation de la culture noire par la culture mainstream tout en rejetant les NoirEs, vous pouvez les retrouver dans ce film.
Est-ce que j’ai aimé ce court-métrage ? Non. Et je suis d’autant plus perplexe parce que je lui reconnais une écriture, une esthétique, une réalisation de qualité. J’y vois même une ambiance humour noir digne d’un film d’horreur à petit budget comme dans Get Out. Franchement, Hair Wolf coche toutes les cases dans ce que je recherche dans un film, mais la corde sensible n’a pas été touchée.
Néanmoins, c’est un film que je prendrai plaisir à revoir parce que, même sans faire appel à mon émotion, il m’a vraiment poussée dans la réflexion. Et, effectivement, je me demande ce que donnerait un film français sur le thème de la gentrification.
photo credit: @caspar_v