[Review] The Marriage Tour ou comment l’amour n’est pas que passion

Créée par David Tinsley, The Marriage Tour est une websérie lancée en 2013 et dont la 3ème et dernière saison a été diffusée en 2015. Pour résumer brièvement, c’est un chassé-croisé entre des amis trentenaires (?) qui explorent la difficulté et la beauté de l’amour avant, pendant et après le mariage.

La saison 1 sert essentiellement à présenter les personnages et les liens entre eux. Le couple central est formé par Brian (joué par David Tinsley lui-même) et Denise. Cette dernière s’interroge sur le mariage. Elle pense que Brian et elle sont à un moment de leur relation où ils devraient peut-être faire le grand saut. Elle suggère donc qu’ils écoutent les points de vue de leurs amis mariés ou pas pour se faire une opinion sur ce que le mariage représente pour eux. D’où le titre “The Marriage Tour”… qui, je trouve, ne correspond pas vraiment à la direction que prend la série après la saison 1. D’une durée d’environ 5 minutes, les six épisodes se regardent rapidement et assurent juste une fonction d’exposition.

Carmen et André : les jeunes mariés. Ils ont vécu une relation longue distance pendant longtemps et apprennent à trouver leur équilibre dans leur vie sous le même toit. De plus, Carmen vient d’une famille plus aisée que celle d’André, donc ils se rendent compte que cela affecte aussi leur vision du couple et ce qu’ils attendent de leur avenir.

Laura et Kyle : les “vétérans” du mariage. Ils se sont rencontrés à la fac. Bien qu’elle ait fini ses études, Laura a renoncé à sa carrière pour soutenir la carrière d’avocat de Kyle qui est reconnu dans la profession. Néanmoins, l’argent ne fait pas le bonheur et ne remplace pas l’amour. Laura voudrait un enfant, mais Kyle ne se sent pas prêt à passer à cette autre étape de la vie.

Eddie et Jessica : les “players”. Ce sont les plus rationnels au sujet de l’amour et ne souhaitent pas particulièrement s’attacher à quelqu’un. Eddie papillonne joyeusement et Jessica aussi, sauf que c’est une femme qui sait ce qu’elle veut. Elle ne dirait pas non à une relation sérieuse avec Eddie à condition qu’il s’engage vraiment, ce qu’il ne sent pas encore prêt à faire.

Pour être franche, je n’étais pas particulièrement enthousiaste au bout de la première saison. Probablement parce que c’était beaucoup plus dans le récit que dans la mise en scène des différentes dynamiques des relations. D’autant plus que David Tinsley fait cette mise en scène de “pause” où le personnage s’adresse directement à la caméra pour réagir à ce qui se passe… Avant ou après la scène, ça ne me dérange pas, mais la scène interrompue 4 ou 5 fois, ça m’a perturbée. Mais The Marriage Tour est allé en crescendo pour moi. Plus j’ai avancé, plus j’ai apprécié. La saison 3 est la meilleure pour moi dans le sens où on sent que même au niveau de la réalisation, du jeu des acteurs et des intrigues, on n’est plus dans le tâtonnement et tout est ajusté.

Les –

Alors c’est superficiel, mais je trouve que le générique du début de la saison 1 ne correspond pas du tout. Certes, les paroles expriment bien le côté “les femmes ont telle vision de l’amour, les hommes ont telle vision de l’amour”, mais le fait que ce soit un rap bien… rap, j’avoue que ça m’a désarçonnée à chaque fois. Surtout que ça me faisait beaucoup penser au générique des Boondocks (#TeamHueyFreeman). A partir de la saison 3, le générique du début est différent et fait beaucoup plus professionnel.

C’est surtout dans la saison 1 et un peu dans la saison 2. C’est peut-être à cause de la cinématographie, mais j’avais l’impression parfois que c’était un visuel trop sitcom, fake. Ceci étant dit, ce n’est pas particulièrement dérangeant mais comme c’est une websérie, je trouve que ça donne un côté un peu “cheap” quand bien même les décors seraient dans le luxe.

Les +

La richesse des intrigues. Je ne dis pas que c’est original. Loin de là, mais je trouve que The Marriage Tour est l’exemple d’une réinterprétation intéressante des clichés que nous connaissons déjà. Chaque couple a une dynamique qui lui est bien spécifique parce que chaque personnage est bien défini, ce qui fait que même si on s’intéresse plus à un couple ou à un autre, ce n’est pas pour autant qu’on oublie les autres. Les intrigues avancent à un rythme différent mais sont développées de façon à ce que ça donne l’impression que c’est juste la vie qui se déroule.

Le réalisme des intrigues et des personnages. Les personnages sont peut-être des clichés ou stéréotypes, mais ce ne sont pas des caricatures. Je crois que tout le monde peut se retrouver au moins dans un des personnages. Et la multitude de points de vue fait qu’on prend le temps de comprendre vraiment comment chacun envisage la situation, qu’il ait raison ou tort.

Les acteurs. Je me répète, mais je trouve que chaque acteur ressemble à quelqu’un que la plébéienne que je suis pourrait croiser dans son quotidien, homme comme femme. Les personnages féminins sont des amies que j’aurais pu avoir. Les personnages masculins sont des hommes qui auraient pu me plaire dans la vraie vie. J’ai un mini coup de coeur pour André parce qu’il me rappelle Larenz Tate et parce qu’il porte un appareil dentaire. Pour les femmes, c’est Jessica. She keeps it real, comme disent les Anglophones.

Mon épisode préféré est le 6 de la saison 2. André exprime son côté macho et Carmen, même si elle est d’accord pour lui faire plaisir, ne s’écrase pas pour autant. Jessica voit plus loin que le côté Don Juan d’Eddie, mais elle n’oublie pas ce qu’elle cherche pour autant.

The Marriage Tour montre que le mariage, ce n’est pas simplement dire “je t’aime une fois et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants”. C’est un choix et un engagement qui demandent une prise de risque. Certes, on espère vivre le meilleur, mais il ne faut jamais oublier que le pire peut arriver à tout moment et le traverser demande parfois beaucoup d’efforts et de compromis. C’est un beau message sur ce qu’on ne dit pas sur le mariage, sur la façon dont le manque de communication peut mettre en danger un amour qui a tout pour durer et sur la nécessité d’être sûr de ce qu’on veut soi-même avant de pouvoir construire quelque chose avec l’autre.

youtube

Site officiel: themarriagetour.com
Twitter: @themarriagetour

P.S: je ne l’ai pas précisé parce que tout le discours sur la représentation des minorités depuis un mois me donne mal à la tête. Voilà un exemple réussi de l’amour, thème universel, avec des personnages non-blancs. C’est possible de faire une histoire avec des Noirs sans qu’on parle de baby mama, baby daddy, de drogue et de sexe pour le sexe.

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