J’ai beau dire que je ne regarde pas beaucoup la télévision, je ne suis pas élitiste pour autant. C’est bien parce que je suis capable de regarder les émissions et séries faisant appel au minimum de neurones requis pour les comprendre que je suis d’autant plus sélective sur ce que je regarde du début à la fin en matière de télé-réalité.
Sans faire un roman sur la différence entre la télé-réalité à l’américaine et la télé-réalité à la française, je dirai que la télé-réalité américaine que je regarde est celle consacrée au monde de la musique hip-hop/R&B. Cela fait 9 ans que je suis la K-Pop, donc cela me permet de me remettre un peu à jour sur ce qui fait en hip-hop/R&B US et les personnalités du moment. Je suis donc, plus ou moins assidûment, “Braxton Family Values”, “Love & Hip-hop” (ATL et NY, je me tâte pour la version Hollywood et ça va être dur de résister à mes B2K feels), “T.I and Tiny, family hustle”, “R&B Divas” (je n’ai regardé que la version L.A) et la toute dernière en date est “Sisterhood of Hip Hop” diffusée sur Oxygen depuis le mois d’août. Et j’avoue que le premier épisode m’a tellement plu que j’ai décidé de m’essayer à des recaps… Histoire de procrastiner proposer un peu plus de diversité sur Sunny Town.
Episode 1
L’épisode débute avec un court montage où chacune est en studio, puis on découvre leur prénom et un aperçu de leur personnalité.
Brianna est présentée comme la businesswoman. Elle passe d’une discussion en studio avec Rick Ross au campus de l’université de Miami où elle étudie l’économie. Elle dit clairement vouloir monter un empire sur son nom comme Diddy et 50 Cent l’ont fait.
Diamond était membre de Crime Mob. Ayant débuté à 15 ans, ça fait plus de 10 ans qu’elle est dans le milieu maintenant et elle veut être reconnue pour sa musique et pas pour sa vie amoureuse. Elle a le soutien d’Eve.
Nyemiah Supreme reçoit les conseils de Timbaland qui lui dit qu’elle doit frapper plus fort pour s’imposer parce qu’elle est une femme. Elle est prête. Elle n’a qu’un seul objectif: sa carrière. Elle n’a pas le temps pour l’amour, les hommes et toute autre distraction. * tousse *
Bia a Pharrell Williams comme mentor. Apparemment, la musique est ce qui l’a sauvée. Je suppose qu’on en découvrira plus au fil des épisodes.
Siya est en studio avec… Irv Gotti? (Genre ça fait plus de 10 ans que je ne l’avais pas vu à l’écran). Il lui explique qu’elle a l’avantage d’avoir des choses à dire qui n’avaient jamais été dites dans le milieu auparavant. Eh oui, Siya est la première rappeuse ouvertement homosexuelle.
Nouveau montage sur un aperçu de ce que nous verrons dans l’épisode. Nyemiah et Bia expliquent que la compétition dans le milieu hip-hop est intense, c’est à chacune de prouver son talent de façon individuelle pour montrer qu’il existe de bonnes rappeuses. Diamond, Brianna et Siya sont dans le même état d’esprit par rapport au fait qu’elles savent avoir tout à prouver et qu’elles le feront… Mais il y aura des obstacles à surmonter. Brianna voudrait couper le cordon ombilical avec sa mère qui semble envahissante. Diamond veut parler de sa musique, mais les médias continuent de voir en elle “l’ex” de (Lil’) Scrappy et Soulja Boy. Siya doit gérer sa relation avec Renaye qui a quitté Los Angeles pour s’installer avec elle à New York mais souffre de la solitude.
Présentation individuelle plus en détail.
NYC
Siya vient de Brooklyn. D’après une interview avec Big Boy, elle a 27 ans et fait du rap depuis qu’elle en a 12. Si elle n’est pas encore signée, c’est parce que ses “paroles sont une menace” et les labels ont peur de ce type d’artistes qui sont cash. Oh, et elle est lesbienne. Elle a eu une enfance difficile, a été dealeuse, perdu des amis dans des fusillades. Sans le rap, elle serait morte ou en prison à l’heure qu’il est. Tank l’a contactée et veut la produire, donc elle espère que c’est le coup de pouce du destin qui lui permettra d’ouvrir la porte de l’industrie qu’on lui a toujours fermée jusqu’à présent. Son “I’m here, I’m gay, so?” résume son état d’esprit et son envie de faire entendre sa voix.
Nous la découvrons au réveil avec sa petite-amie Renaye. Cela fait deux ans qu’elles sont ensemble et elle pense avoir trouvé son âme soeur. Renaye vient de quitter Los Angeles pour emménager avec elle à NYC. A les voir en train de partager ce moment de complicité sous la couette, c’est le grand amour. Tout n’est pas rose dans la vie de Siya. Elle trouve que Tank ne l’aide pas autant qu’il aurait pu ou dû le faire parce qu’elle est là assise à attendre au lieu d’être en studio et tourner des clips. Elle appelle Tank, messagerie. Sachant que Tank vit avec son téléphone accroché à l’oreille, Siya ne sait pas comment interpréter ce silence et pourquoi il évite ses appels. En tout cas, elle peut compter sur le soutien inconditionnel de Renaye.
Miami
Je ne le dirai qu’une fois, mais elle me fait trop penser à un mix de Solange et Beyoncé Knowles. Voilà, c’est dit. Brianna Perry aka the Poe Boy Princess est en studio pour enregistrer une chanson. Kiki, sa momager (…mamanager en français? maman+manager) n’arrête pas de l’interrompre parce qu’elle trouve qu’elle n’est pas assez dans la chanson et n’en veut pas assez. Clairement, Ki-twice (le surnom que Brianna lui a donné) et Brianna ne sont pas sur la même longueur d’onde. Brianna est la nièce de G12 et a donc passé toute son enfance et adolescence en studio et à voir des rappeurs comme Flo Rida et Rick Ross. C’est comme ça qu’elle a rencontré E-Class et a pu entrer chez Poe Boy Entertainment. Elle est aussi en dernière année à l’université de Miami, vient de signer avec Atlantic Records, donc il est difficile de trouver les priorités entre les études et ce qu’elle doit faire pour sa carrière. Avoir Ki-twice en manager n’est pas toujours facile à vivre.
ATL
A travers sa discussion avec Lil’ Jon, qui boit tranquillement son thé (prends une seconde pour apprécier l’image), on apprend que Diamond vient donc de Crime Mob. Elle a connu le succès et l’argent dès l’âge de 15 ans, mais cela lui a apporté plein de problèmes parce qu’elle était toujours la proie de rumeurs, sans compter que sa vie amoureuse lui a fait perdre le sens des priorités. Ses ex sont (Lil’) Scrappy et Soulja Boy. (Selon les dires de Diamond, Momma Dee essayait toujours de lui piquer ses habits, ses sacs… LOL?) Bref, sa relation avec Scrappy est un mauvais souvenir. En revanche, sa relation avec Soulja Boy était plutôt bien, mais elle pense qu’ils sont mieux en tant qu’amis (Genre…subtilité de la production). D’après Lil’ Jon, elle devrait arrêter de sortir avec des rappeurs et sortir avec des mecs normaux, il l’encourage à reprendre sa carrière en mains. Bref, elle a souffert en amour, elle est prête à tourner la page de ces 10 ans de sa vie et à montrer au monde qu’elle est désormais une vraie rappeuse. Elle pense emménager à New York et quitter ATL, Lil’ Jon pense que ça lui ferait du bien. “Keep it classy, sexy and empower the ladies” (le même mec qui chantait “Get Low”… Mais après avoir vu Snoop Dogg jouait les psychologues de l’amour pour Stevie J, tu te dis que vraiment TOUT peut arriver à la télé-réalité). Oh and “NO DRAMA”… même si Diamond n’est pas contre un blind date ou deux. Lil’ Jon nous fait “oh Lawwwrd”.
Miami
Brianna est en train de préparer son emménagement dans son propre appart, je crois. Kiki ne veut pas la voir partir. Elles ont un joli moment de complicité mère-fille où maman voit toujours que sa fille est un petit bébé et a peur de la laisser quitter le nid. (C’est moi ou Kiki parle comme Deb, la mère de Wacka Flocka?)
Bia, de son vrai nom Bianca Landrau, est à Miami pour le tournage d’un clip-vidéo, apparemment. Je ne le dirai qu’une fois, mais elle me rappelle trop Aaliyah sous certains angles. Voilà, c’est dit. Sa vie = musique. Elle est signée sur le label de Pharrell et nous raconte leur première rencontre. Ils étaient en studio et il lui a demandé d’écrire 16 mesures. Elle l’a impressionné et il l’a signée. Apparemment, elle a une histoire familiale un peu compliquée, n’a pas son père mais peut compter sur son grand-père. Elle est aussi très proche de sa petite soeur Trinity aka Triny. Elle veut réussir pour elle-même mais aussi pour donner une meilleure vie à sa soeur. On a droit à un petit discours de Pharrell pour lui expliquer qu’elle doit comprendre ce qu’elle veut vraiment, elle ne doit pas s’occuper de ce que pensent les autres. C’était un beau discours, mais ma seule question était: il porte vraiment ce chapeau partout où il va?
NYC
Siya et Renaye ont encore un moment de complicité, mais Renaye dit avoir le cafard parce que sa famille lui manque. C’est pour cette raison que Siya se montre compréhensive par rapport au côté un peu possessif que Renaye exprime… Mais tant qu’elle a le soutien de sa Renaye, ça ira. Elles se redisent je t’aime, un bisou. Awwww.
ATL
Déjeuner familial avec la moman, le beau-père et deux des soeurs de Diamond qui, apparemment, est connue pour être toujours en retard. Elle fait sa grande entrée. Ils débouchent une bouteille de vin et Diamond fait sa grande annonce: elle emménage à New York. Tout le monde la soutient et sa mère lui rappelle de ne jamais oublier à quel point ils l’aiment et qu’elle pourra toujours revenir à la maison. Diamond semble être quelqu’un centré sur la famille et elle dit aussi que si elle veut que sa carrière marche mieux, cela lui permettra de prendre soin de sa famille. On finit sur une prière collective.
Diamond va à l’aéroport et est accompagnée par Tynesha, sa meilleure amie. Elle est triste et excitée à la fois parce que c’est un nouveau départ pour elle.
NYC
Sachant que Renaye se sent seule et ne connaît personne à NYC, Siya l’emmène au “Queen of The Ring”, un lieu de rap battle. Siya lui présente quelques-uns de ses amis. Tout se passe bien jusqu’à ce que débarque Nyemiah. Siya, qui s’est assurée que son pantalon tombait bien sur ses baskets et que son t-shirt n’avait pas de pli, présente Renaye à Nyemiah.
C’est donc l’occasion de faire une pause pour découvrir Nyemiah, rappeuse qui vient du Queens. Elle a été influencée par D12 et Dipset. Ses parents ont divorcé quand elle avait 3 ans, donc il était difficile pour elle de se faire entendre dans cette atmosphère conflictuelle, mais le rap lui a donné une voix. Elle est plus dans ce que j’appelle un style hardcore barbie girl (en gros Nicki Minaj en mode hip-hop). Retour donc au “Queen of The Ring”. Nyemiah et Siya discutent du battle en cours et de leurs projets actuels. Renaye ne cache pas son agacement et Siya finit par s’en rendre compte. Renaye dit qu’elle veut rentrer à la maison, maison = la Californie. Uh oh.
Commentaires
Le titre choisi est cheeeeeesy. “Sisterhood of Hip Hop” fait penser à “Sisterhood of the Traveling pants” (4 filles et un jean). Le fait est que les émissions de télé-réalité fonctionnent sur la rivalité et le mépris mutuel que s’accordent les participants. La trahison fait plus vendeur que de montrer des valeurs telles que l’amitié, la loyauté. Quand la télé-réalité s’invite dans le milieu hip-hop où les beefs, les diss alimentent cet esprit compétitif masculin, j’ai l’impression que cela met d’autant plus à fleur de peau les artistes. J’étais quand même un peu curieuse de voir la trame narrative de “SOHH”. Personnellement, ça fait quelques mois que je suis dans un trip ol’ school à la Queen Latifah et MC Lyte, et, comme beaucoup, je trouve dommage que la scène hip-hop US actuelle n’a pas de rappeuse dans cette veine. Je n’ai rien contre Nicki Minaj, elle mène bien son image et arrive à naviguer entre le public hip-hop et le public pop, mais une rappeuse qui se fasse un nom sans avoir besoin d’être over the top dans le changement d’apparence et tout, c’est ce que j’aimerais voir… Mais je m’égare. Revenons à “SOHH” qui a pris le contre-pied de toutes les émissions précédentes au concept similaire.
Originalité 1 : ce sont des rappeuses, et non des chanteuses. La scène hip-hop US est en manque cruel de rappeuses et cela permet de mettre en avant un aspect du milieu qui n’a pas de visibilité dans les médias.
Originalité 2 : Oxygen a réussi à faire apparaître à l’écran des artistes qui fuient généralement les médias comme Timbaland, Even Pharrell Williams. Leur présence donne une certaine légitimité à “SOHH” qui devrait éviter l’étiquette “ratchet trash TV” si on continue sur la lancée du 1er épisode.
Originalité 3 : ce sont des filles dans la vingtaine qui sont déjà un peu “connues”. Elles ont acquis une certaine réputation, notamment pour leur participation à des projets avec des grands noms: Timbaland pour Nyemiah Supreme, Crime Mob/Eve pour Diamond, Pharrell Williams pour Bia, Rick Ross/Missy Elliott pour Brianna, Tank pour Siya. Malgré tout, ce ne sont pas des stars (désolée Diamond) et sont dans une optique de travail pour se faire connaître par leur musique… En tout cas, elles essayent. Autrement dit, ce ne sont pas des has been ou des filles avec zéro potentiel qui se bercent d’illusion sur “leur carrière”. Elles semblent avoir le talent, elles ont déjà commencé à faire leurs preuves. Elles sont prêtes à passer à l’étape supérieure.
Originalité 4 : Les autres émissions de TV-réalité se déclinent à la CSI en se focalisant sur une unité de lieu: NY, ATL, LA. Ici, New York est le point central et le lieu de ralliement, mais elles viennent de tous les horizons. Bia vient de Boston, Brianna vient de Miami, Diamond vient d’Atlanta… Bref, tout se passe à New York, mais ce n’est pas une limite en soi.
Originalité 5 : Siya. Première rappeuse qui ne cache pas son homosexualité. Elle est la seule participante de l’émission à être officiellement en couple. L’histoire d’amour entre Renaye et elle n’est pas simple, mais leurs problèmes ne sont pas du tout liés à leur homosexualité. Elles sont présentées comme un couple à part entière et rien n’est fait pour les stigmatiser comme un “couple homo”. Elles sont un couple qui connaît ses hauts et ses bas. Rien de plus.
L’épisode 1 était une introduction pour découvrir les personnalités, le parcours de chacune d’entre elles. Je les trouve vraiment toutes sympathiques avec des personnalités bien distinctives et affirmées. A part Diamond qui me laisse un peu perplexe parce que je n’ai pas l’impression que Crime Mob ait marqué l’industrie comme elle donne l’impression que le groupe l’a fait, elles ont l’air humble. Ce qui m’a manqué est de comprendre comment et à quel point elles se connaissaient avant l’émission, les points de connexion parce que les intrigues ne peuvent pas évoluer que de façon parallèle. Cela devrait se voir au cours des prochains épisodes.
Les filles de “SOHH” sont à la fois des stéréotypes et uniques dans le sens où il est facile de s’identifier à elles. Elles sont à l’aise dans leurs baskets ou talons aiguille, mais ont aussi les mêmes peurs et les mêmes envies que n’importe laquelle d’entre nous: l’envie d’aimer et d’être aimée, l’envie de réaliser ses rêves, bref l’envie d’être heureuse.
Je demande donc à voir où “SOHH” nous emmènera parce que je suis prête pour le voyage.