Si lointaine me paraît l’époque où je passais 3 à 4 heures quotidiennement dans les transports… Je garde le souvenir de la fatigue et de la frustration provoquées par les retards à répétition, le froid ou la promiscuité des heures de pointe. Mais il y a aussi ces rencontres qui m’ont fait sourire, rire, réfléchir. Ce sont ces fragments de vie que je souhaite partager dans mes chroniques de transports en commun.
Aujourd’hui, je vous raconte une anecdote courte mais avec une longue contextualisation.
Remontons… 13 voire 14 ans en arrière. Je viens de me réinstaller en France. Je fais mes études à la Sorbonne. Les microagressions, que je ne verbalise pas en tant que telles, sont compliquées à gérer. M’investir dans des activités de fangirl est mon seul échappatoire. Avant la k-pop et après B2K, je connais une période de transition où je suis fan du chorégraphe de M.Pokora. Via le forum du chanteur, je rencontre d’autres fans. Je vous parle de ses premières fans, celles qui ont commencé à le suivre à l’époque des Linkup.
Celles qui vivent Île-de-France se rencontrent régulièrement à Paris. Celles en province s’arrangent pour venir sur Paris tous les trois mois. Quand je débarque en France, elles me convient à leurs rencontres. Imaginez-vous un groupe d’une dizaine d’adolescentes/jeunes adultes où toutes les origines sont représentées. Nos après-midis ensemble se résument à prendre des photos, manger et rire. Des moments d’insouciance…
Ce jour-là, elles me raccompagnent au train. Je m’installe dans une place à 4 quelques minutes avant le départ. Un groupe de Chinois en costard cravate était déjà assis. Ordinateurs et dossiers sur la table. On aurait dit des hommes d’affaires. Mes amies restent sur le quai et on se fait coucou. Elles se mettent à applaudir et à crier. Elles me hypent tellement que l’homme assis à côté de moi me demande en anglais si je suis une star. Je lui réponds non. Il regarde mes amies qui font la olà et me demande si c’est vrai. Je lui assure que oui. Il traduit à ses collègues, je suppose. Tous regardent avec bienveillance avant de se replonger dans leur boulot. À cet instant, face aux sourires de mes amies, j’ai l’impression d’être acceptée pleinement comme je suis, sans aucun jugement. Un sentiment que j’ai rarement ressenti ces dix dernières années.
Aujourd’hui, ces jeunes filles sont des adultes. Certaines sont mariées et/ou maman. Au fil des années, nous avons perdu le contact. J’en assume la responsabilité car j’ai traversé quelques années difficiles où l’isolement était un refuge. Mais peut-être aussi que ce lien n’était pas fait pour durer plus longtemps. On dit que certaines amitiés ne sont là que pour une saison, d’autres pour toute la vie.
Je n’ai gardé qu’une seule amitié de cette époque. Celle qui, après cette aventure, m’avait surnommée “ma star des trains”.