C’est une chose de commenter épisode par épisode, mais une pause tous les 10 épisodes me paraît intéressant pour voir l’évolution de la série dans sa globalité.
La série n’est pas cheap. C’est du petit budget, certes, mais ce n’est vraiment pas du décor cheap papier mâché de studio comme les sitcoms et telenovelas des années 90. J’adore la réalisation. Je le répète, j’adore la réalisation, surtout les images des paysages, le jeu avec la lumière du soleil. Bref, je fais mon CD rayé, mais j’adore.
Pareil, je trouve que le travail des stylistes est génial. Les tenues sont l’équilibre entre la simplicité et le goût du prêt-à-porter jeune et moderne auquel le téléspectateur lamba peut s’identifier. Je pense personnellement qu’il est toujours plus facile d’habiller les femmes que les hommes parce qu’ils sont plus limités, vu que la jupe et la robe masculine ne sont pas acceptées par nos critères de mode. Ce sont donc sur les personnages masculins que je me base pour voir la crédibilité vestimentaire d’une série. Que ce soit papy Charles, Jules, César ou Adil, chacun a un style bien défini qui fait clean et exprime sa personnalité. Adil est certainement le personnage qui a le plus de liberté dans ses choix vestimentaires puisqu’il est artiste, ni ado ni homme d’affaires. Je n’étais pas convaincu par le tatouage tribal dans le cou parce que, je l’admets, j’avais encore l’image de Rudy de Plus Belle La Vie (et le Rudy ado, en plus, c’est pour dire que ça fait je ne sais pas depuis combien d’années que je n’ai pas regardé PBLV). Rudy est le seul rôle que j’ai vu Ambroise Michel joué et je ne suis pas son actualité, donc je ne savais pas à quoi m’attendre pour un rôle adulte de “mec mystérieux, torturé qui doit être sexy sinon le public féminin ne va pas adhérer à la romance”. Ses tenues l’aident à camper ce personnage et il le fait bien. Pour les femmes, j’adore toutes les tenues, certaines plus que d’autres mais… c’est un vrai plaisir pour les yeux. Que ce soit Laura qui alterne jean, robe, jupe mais reste toujours dans un style jeune, décontracté mais pas trop. Marion, quand on ne la met pas en bikini, a un style plus modern glam’ qui souligne le fait qu’elle a de l’argent ( enfin l’argent de César… enfin l’argent de Charles en tout cas). Johanna est élégante, sans faire vieille femme. C’est une bonne Sue Ellen.
J’ai cherché plus d’informations sur la série. J’ai une explication sur les problèmes de transition et de chronologie . Par souci d’économie, les scènes sont tournées en fonction des lieux, donc par exemple toutes les scènes chez Maddie sont tournées en même temps pour 10 épisodes. Ce qui explique les différences d’éclairage d’une scène à l’autre où on a un soleil couchant, puis un soleil de 14 heures alors que nous sommes dans la même journée. De même, les problèmes de cohérence par rapport au temps qui passe, la prise en compte des déplacements. Ils sont en voiture, à pied, en bus ? Enfin bon, si saison 2 il y a, j’espère qu’ils auront un plus gros budget pour soigner ce type de détails.
Ceci étant dit, sans me laisser influencer par toutes les circonstances autour de la série, si je me focalise sur l’intrigue et les personnages, je suis plutôt agréablement surprise, même si je regrette qu’on ne pousse pas le sens du détail jusqu’au bout pour donner du relief aux personnages. Ils discutent entre eux, mais ils ne discutent jamais de ce qui les intéresse. Ex : Laura par rapport à Adil. Elle, qui est si curieuse, ne discute de lui avec personne de l’agence. C’est arrivé juste une fois avec César qui lui a dit qu’Adil n’obéissait qu’à Adil. Si on n’a pas assez de budget pour engager les extras pour qu’elle ait des scènes avec eux à ce sujet, ça aurait pu se faire dans une de ses vidéos à Audrey où elle dit “j’essaye de me renseigner, mais personne ne sait rien de ce type”. Voilà, fini. Pas plus. Autre exemple : on passe à côté du retour aux racines de Jules. Il est en vacances, on ne sait rien de ce qu’il fait de ces journées. Toutes ces scènes ne sont que par rapport à Marion ou Charles. On fait comme si César n’existait pas alors qu’il est son oncle quand même. Alors oui, César pourrait ne rien avoir envie de connaître de lui, mais qu’on nous le dise au détour d’un dialogue, mais qu’on ne fasse pas qu’ils n’ont vraiment aucun rapport parce qu’ils n’ont pas l’air de savoir qu’ils existent. Où est la grand-mère, la femme de Charles et la mère de Stéfan et César ? Peut-être que ça n’a aucune importance et qu’elle est juste morte ou que Charles a divorcé… Peut-être que ça sera abordé plus tard, mais voilà, nous avons un personnage qui est soi-disant à la recherche de ses racines, veut apprendre à connaître sa famille, mais il ne fait concrètement rien. Qu’il ne sache même pas que son père a disparu depuis le temps qu’il est sur l’île… J’ai trouvé ça trop bizarre. Qu’il ne le sache pas parce qu’il a essayé d’en parler avec Laura ou Charles et qu’aucun des deux n’a voulu en parler, pourquoi pas ? Mais Jules passe son temps à dire qu’il aime passer du temps avec son grand-père qui lui parle de son père et l’aide à comprendre qui il est. Viens voir la plaque au nom de ton père ou on n’a jamais retrouvé son corps sont quand même des détails que je ne vois pas comment Jules a pu ne pas savoir dès le 2ème ou 3ème épisode. Et puis Jules ne sait rien de la famille de Laura apparemment et ça ne l’intéresse pas non plus. Deux poids, deux mesures.
Le retour aux racines de Laura est un peu plus utilisé pour l’intrigue… sauf qu’on fait réapparaître les gens de son passé pour faire “coucou, il s’est passé ça dans ton passé” et puis ils re-disparaissent. Ex : Nine. J’attends de voir son personnage prendre plus d’ampleur, vu qu’elle est apparemment la seule personne avec Maddie à savoir dans quelles circonstances Laura a quitté la Réunion. Alors le personnage de Maddie, c’est le plus frustrant pour moi. On l’a présenté aux téléspectateurs comme si elle savait que Laura était sur l’île, mais je ne me souviens pas que nous téléspectateurs avons été informés que Laura l’en avait informé. Ce qui donne une scène où on voit deux personnages se retrouver au bout de 17 ans et Maddie n’est absolument pas étonnée. De même, dans l’épisode 10, Maddie sait apparemment qui est Adil, donc c’est que Laura lui en a parlé, et qu’elles sont donc en contact régulièrement, mais en tant que téléspectateur, on ne le voit pas. On voit juste Laura avec Maddie quand elle a besoin d’un service ou quand Maddie a besoin d’aide. On ne ressent pas le côté mère-fille que les personnages expriment par les mots.
Côté amour. Je ne vais pas encore rejouer ma rengaine sur l’arrivée de Joséphine que j’attends avec impatience. Le Laudil (Laura et Adil) est bien vendu, grâce au personnage d’Adil qui est tellement mystérieux qu’on ne peut pas faire de faux-pas avec lui. On nous met des regardes intenses ici et là, des mains qui se frôlent, des bouches qui se frôlent… Non vraiment, c’est bien vendu. La relation Marles (Marion et Jules)… Je n’y crois tellement pas que je ne vais même pas en parler, mais je reconnais que le jeu d’acteur de Sébastien Capgras et Camille Lherbier s’améliore au fur et à mesure.
Pour les personnages de façon individuelle. J’ai du mal à adhérer au personnage de Laura… Je suis pour le côté mère courage, le côté badass je sais me défendre et te donner un coup de genou à l’entrejambe, mais à côté de ça… Il y a un truc chez elle… J’ai l’impression qu’on nous dit trop qu’elle est quelqu’un de bien, qu’elle n’a pas eu de chance dans la vie, qu’elle a été victime des circonstances… Sauf qu’elle a des actions parfois qui ne vont pas dans ce sens. Ex : tentative de corruption sur le policier, piratage du site de la mairie. Elle le fait sans hésitation, sans faire mine de chercher une autre solution que de commettre un acte illégal… Du coup, je suis perplexe. Comme je l’ai déjà dit, avoir de bonnes intentions n’excuse pas tout. Si elle se comporte de la même façon que Charles pour son bien personnel, je ne vois pas pourquoi je devrais condamner Charles et pas elle.
D’une façon générale, je crois ce qui me manque dans la série, c’est la sensation d’un enchaînement, que c’est un fil qui se déroule où tout est lié. L’intrigue fait un peu décousue sur certains points, les personnages ont l’air d’évoluer dans des univers parallèles mais pas dans le même univers parce qu’ils n’ont de rapport que quand c’est nécessaire pour ce qu’on veut montrer de l’intrigue. Ils DISENT qu’ils bossent, mais on les voit jamais bosser parce qu’ils entrent et sortent de l’agence comme bon leur semble. Je suis sûre que Cut fermerait en un mois si c’était la vraie vie. Il y a des événements qui se produisent puis on en reparle pas, nous n’avons même pas la réaction des personnages… On passe à autre chose, puis on revient dessus. Un personnage est là, puis il n’est plus là… Je ne trouve pas mon équilibre entre la partie mystère et la partie non-mystère. Il n’y a pas vraiment de punchline… Je sais qu’on n’est pas aux Etats-Unis, donc ce n’est pas le même mode d’écriture. Mais avec 26 minutes par épisode, les dialogues doivent être rythmés pour les garder intéressants parce qu’ils sont courts, donc il faut y aller. Je ne ris pas vraiment en regardant Cut. Et je pense que les fois où ça arrive, ce n’était pas vraiment le but de la scène en question, mais je ris quand même donc bon… L’un dans l’autre. Mais oui, une punchline du style “Génération Y”, bien trouvé. Adil aussi a peu de dialogues, mais il est plutôt sarcastique, donc il peut casser en 2 répliques… Mais bon, j’ai cru comprendre qu’il y avait une part d’improvisation, donc le dialogue est moins calibré qu’une série US où tout est fait à la nano-seconde près pour déclencher l’émotion voulue chez le téléspectateur.
Ceci étant dit, le dispositif transmédia, quand il ne m’embrouille pas sur la chronologie, est bien trouvé. Le concept de la série mystère, romance, pareil ça manque dans le paysage audiovisuel. Pour montrer mon soutien, je me suis donc abonnée au Twitter et au FB de Jules. Perso, j’utilise de moins en moins les réseaux sociaux, mais si ça peut aider à ce que la série soit renouveler et qu’elle ait un plus gros budget, ça ne coûte vraiment rien.
Plus que 60 épisodes. Go, go go !