Why Netflix’s “Forever” is a horror story for Black girls

(scroll for the English translation)

La série « Forever – saison 1 » de Netflix est sans aucun doute ma plus grande déception de 2025. En tant que femme de la génération Y qui a grandi à la fin des années 90 et au début des années 2000, cela m’a fait prendre conscience à quel point j’avais eu de la chance de grandir à une époque où les séries et les films représentaient l’expérience des filles noires avec du drame, mais sans traumatisme. Il existe d’innombrables séries et films américains et français qui traitent de l’adolescence, mais très peu montrent ce que ces premières expériences de femme signifient pour une jeune fille noire

Je ris encore quand je repense au premier rendez-vous de Rudy Huxtable avec Stanley (R.I.P Merlin Santana). Je pousse encore un soupir rêveur quand je pense à la liste des petits amis séduisants de Moesha. Je continue de penser que Raven et Devon formaient le couple d’adolescents le plus mignon qui soit. Tia et Tamera m’ont fait réfléchir à la manière de gérer les relations « à long terme ». Et vous pouvez détester « Love & Basketball » autant que vous voulez, Monica reste le meilleur exemple cinématographique d’une jeune fille noire qui reste fidèle à elle-même quoi qu’il arrive. 

J’ai lu « Forever » de Judy Blume quand j’étais adolescente. J’ai beaucoup aimé ce livre, et en le relisant à l’âge adulte, je l’apprécie encore plus car il aborde de manière directe et accessible les problèmes universels de l’adolescence du point de vue féminin. Cependant, je n’arrivais pas à m’identifier complètement à Katherine, car je n’étais pas une adolescente blanche américaine issue d’une famille aisée. J’ai grandi en tant qu‘adolescente française afrocaribéenne issue de la classe moyenne inférieure, rêvant de l’expérience des femmes noires américaines. Et le travail de Mara Brock Akil, parmi d’autres séries et films formidables, m’a aidée dans cette démarche. Nous voici donc en 2025, et j’étais très enthousiaste quand Netflix a commencé à promouvoir « Forever ». Cela faisait près de deux décennies que l’expérience des filles noires n’avait pas été au centre d’une célébration collective. Ma petite sœur n’a jamais pu fangirler sur un personnage qui lui ressemble. Nous avions deux générations de filles noires qui avaient grandi en se voyant uniquement comme la meilleure amie noire. J’étais prête.

Je n’ai pas pu regarder la série tout de suite, car adulter a mis d’autres priorités en avant. Cependant, j’ai suivi de près les réactions en ligne, les articles de réflexion et tout ce qui pouvait me confirmer que j’avais raison d’être optimiste. Une bonne représentation de parents qui assument leurs erreurs et font de leur mieux pour être de bons parents, une bonne représentation d’un adolescent qui trébuche à chaque étape de son chemin vers l’âge adulte. C’est ce dont parlaient la plupart des discussions. Et qu’en est-il de Keisha ? Lovie Simone a été félicitée pour son jeu d’actrice et son style, mais malgré tout le battage médiatique autour du thème « oui ! enfin, la représentation de l’amour chez les adolescents noirs, c’est génial », je pensais qu’il y aurait davantage de lettres d’amour à Keisha comme celle-ci

En août, j’ai enfin pu m’asseoir et marathoner la série. Ce fut une expérience tellement douloureuse que j’ai repoussé le visionnage des deux derniers épisodes pendant près de deux semaines… et que j’ai repoussé l’écriture de cet article pendant trois mois. Au cours des neuf dernières années, j’ai mené des recherches sur la romance dans la culture pop française et américaine. Lara Jean (À tous les garçons que j’ai aimés) et Devi (Never Have I Ever) ont pu montrer l’expérience de l’adolescence d’un point de vue féminin asiatique, et ont été saluées dans le monde entier pour cela. Les Latinas ont été représentées comme loyales mais pas sacrificielles, excentriques mais attachantes, avec Monse et Jasmin dans « On My Block » de Netflix. Je ne dis pas que c’était une représentation parfaite, mais elles ont réussi à contourner les stéréotypes et à être humanisées. Pendant ce temps, quel personnage noir a reçu la validation collective comme étant une bonne représentation du point de vue d’une fille noire ordinaire ? Zoe et Diane, les ados riches et insolentes de « Blackish/Grown-ish » ? Rue, l’ado qui s’auto-sabote, dans « Euphoria » ? Les personnages joués par Amandla Stenberg depuis Hunger Games ?  Je suis désolée, je ne parviens pas à citer de personnages représentant des filles noires ordinaires qui mènent une vie d’adolescente normale. C’est pourquoi je suis d’autant plus frustrée que « Saturdays », créée par Marsai Martin, n’ait pas été diffusée plus d’une saison en 2023. Son personnage, Paris Johnson, aurait pu être le changement nécessaire que Keisha n’est pas. Ce n’est pas parce qu’elle n’a pas essayé. Notre copine a essayé, mais la série ne lui a jamais donné sa chance.

1. Keisha n’a personne pour la protéger.

Certes, sa famille est présente pour célébrer ses succès, mais vers qui peut-elle se tourner en cas de véritable crise ? Qui lui donne de vrais conseils pendant son adolescence et veille à ce qu’elle reste sur la bonne voie ? Justin peut compter sur ses parents pour l’aider à chaque étape, même lorsqu’ils ne soutiennent pas ses décisions. Keisha, elle, est livrée à elle-même.

2. Keisha n’a aucune passion.

Pourquoi Keisha fait-elle de l’athlétisme ? Parce que c’est son moyen d’accéder à l’université… Mais est-ce qu’elle aime vraiment ça ? Qui est son athlète préféré ? Je comprends qu’elle vient d’une famille précaire, mais pourquoi le fait d’être « une intello » ne lui offre-t-il pas d’autres options que le sport pour obtenir une bourse d’études complète ? Et si c’est si important, comment se fait-il qu’elle ait le temps d’avoir un petit ami ? Peut-être que je ne comprends pas parce que je ne suis pas américaine. Son père peut vivre sa passion, son petit ami peut vivre sa passion, mais elle n’a même pas un seul hobby qui lui procure de la joie ? Pas même l’écriture ou la mode ? Je suppose que la joie des filles noires n’est bonne qu’à servir de hashtag. 

3. Keisha n’a aucun objectif dans la vie.

La personnalité de son personnage se résume à “je veux aller à Howard University” et c’est tout. Et elle a beaucoup de chance que sa vie amoureuse chaotique n’affecte pas ses notes ou son entraînement d’athlétisme dans sa nouvelle école. Elle veut aller à l’université pour étudier quoi ? Et quel est son projet après l’université ? Justin peut se permettre de ne pas trop planifier à l’avance, mais peut-elle en faire autant ?

4. Keisha n’a pas de véritable ami.

Tout comme les amis de Justin ont pu créer cette campagne stupide (oui, je le dis) #unblockjustin, où étaient les amis de Keisha pour la défendre contre son ex ? Où est le stéréotype de la Meilleure Amie Noire quand on en a vraiment besoin ? L’ironie, c’est que Keisha est l’Amie Noire de Justin. Elle le conseille dans toutes ses difficultés sans rien attendre en retour. 

La Meilleure Amie Noire de Keisha aurait tenu tête à son ex-petit ami et à toute son école… 

La Meilleure Amie Noire de Keisha aurait été son garde du corps, s’assurant que son ex n’oserait même pas la regarder… 

La Meilleure Amie Noire de Keisha aurait été le refuge qu’elle méritait. 

5. Keisha n’a pas d’éveil sexuel.

Le slogan « on se souvient toujours de sa première fois » de Netflix n’est pas du tout mignon quand on réalise que la première fois de Keisha a été une expérience traumatisante qui a fait dérailler sa vie. 

Je n’apprécie pas que la série vende l’idée d’un amour adolescent noir sans aucun drame alors que toute l’intrigue de Keisha est basée sur SON TRAUMATISME… Pourquoi ne peut-elle pas explorer sa sexualité comme elle en a envie, comme Justin peut le faire ? Pourquoi ne peut-elle pas s’exprimer librement lors de leurs premiers moments d’intimité ? Tout semble tellement performatif au début que même lorsqu’elle se lance, cela reste performatif… Et oui, je pense que 95 % de leurs scènes d’amour auraient dû montrer moins de nudité. Une fille noire ne peut-elle pas profiter d’une histoire d’amour sans tomber dans l’érotisme à chaque fois ? OU une fille noire ne peut-elle pas prendre son temps pour s’y mettre progressivement, comme l’a fait Katherine dans le livre de Judy Blumee ?

Pourquoi sommes-nous si à l’aise avec le fait que l’intimité des filles ne soit pas respectée et qu’on les fasse agir comme si ce n’est pas grave ? Presque la même chose s’est produite avec Lara Jean (et c’est pourquoi je ne pourrai jamais être complètement Team Peter), mais Lara Jean a quand même le temps d’être prête pour sa première fois. 

Que signifie la romance du point de vue d’une fille noire ? Si Keisha est le meilleur exemple que nous pouvons trouver, quand et où nos filles apprendront-elles que l’amour et le partage de leur intimité ne doivent pas nécessairement commencer par la trahison et un traumatisme ? Et s’il vous est impossible d’imaginer l’expérience du passage à l’âge adulte d’une fille noire comme un processus aussi ordinaire et responsabilisant tel que Judy Blume l’a décrit dans « Forever », nous devons discuter des raisons pour lesquelles c’est le cas.  

En conclusion

Chère jeune fille noire, 

Que « Forever » de Netflix te rappelle ce que le monde te refuse encore, mais auquel tu as droit. 

Je te souhaite d’être entourée de personnes qui te soutiendront lorsque tu seras déprimée. 

Je te souhaite d’être entourée de personnes qui te permettront d’abandonner ton rôle de petite fille parfaite. 

Malgré toutes tes imperfections, tu mérites d’être protégée. 

Malgré toutes tes imperfections, tu mérites qu’on prenne soin de toi. 

Malgré toutes tes imperfections, tu mérites d’être aimée. 

Malgré toutes tes imperfections, tu seras toujours à la hauteur.


Netflix’s “Forever – season 1” is definitely my biggest letdown of 2025. As a millennial woman who was a teenager in the late 90’s – early 2000’s, it made me realize how lucky I was to grow up at a time with shows and films representing the Black girl experience with drama but no trauma. There are countless US and French series and films focusing on the teenage experience, but very few get to show what these firsts into womanhood means to a Black girl. 

I still giggle when I think about Rudy Huxtable’s first date with Stanley (R.I.P Merlin Santana). I still let out a dreamy sigh when I think about Moesha’s roster of fine boyfriends. I still think Raven and Devon were the cutest teen couple ever. Tia and Tamera got me thinking about how to navigate “long-term” relationships. And y’all can hate “Love & Basketball” all y’all want, Monica is still the best film representation of a Black girl who stays true to herself no matter what. 

I actually read Judy Blum’s “Forever” when I was a teenage girl. I enjoyed the book, and rereading it as an adult, I enjoy it even more for being so blunt yet accessible about girlhood’s universal issues. However, I couldn’t fully relate to Katherine because I wasn’t a White American wealthy teenager. I grew up as a French Afrocaribbean low middle-class teenager, fantasizing over the US Black woman’s experience. And Mara Brock Akil‘s work, among other great shows and films, helped me with that. So, here we were in 2025, I was getting excited when Netflix started promoting “Forever”. It had been nearly two decades since the Black girl experience had been at the center of a collective celebration. My little sister never got to fangirl over a character that looked like her. We had two generations of Black girls who grew up seeing themselves only as the Black best friend. I was so ready. 

I didn’t get to watch the series right away because adulting requires some time commitment. However, I kept a close eye on online reactions, think pieces, and just about anything that would assure me that I was right to be hopeful. Good representation of parents owning their mistakes and trying their best to be good parents, good representation of a teenage boy who stumbles every step of the way to become a man. That’s what most discussions were about. And what about Keisha? Well, Lovie Simone was praised for her acting and her style, but for all the hype around “yes! finally, Black teen love representation for the win”, I thought there would be more love letters to Keisha like this one. 

In August, I finally got to sit down and bingewatch the show. It was such a painful experience that I delayed watching the last two episodes for nearly two weeks… and that I delayed writing about it for three months. For the past nine years, I’ve been researching romance in French and US pop culture. Lara Jean (To All The Boys I’ve Loved Before) and Devi (Never Have I Ever) got to show the girlhood experience from an Asian perspective, and got global praise for it. The Latinas got to be represented as loyal but not sacrificial, as quirky but endearing with Monse and Jasmin in Netflix’s “On My Block”. Not saying it was perfect representation, but they did get to work around the stereotypes and to be humanized. Meanwhile, which Black character got collective approval for being good representation from the ordinary Black girl perspective? Sassy wealthy Zoe and Diane from “Blackish/Grown-ish”? Self-sabotaging Rue from “Euphoria”? Any character played by Amandla Stenberg since Hunger Games?  I’m sorry, I’m failing to name characters representing regular Black girls who live a regular teen life. That’s why I’m even more frustrated that “Saturdays” created by Marsai Martin didn’t get to air more than one season in 2023. Her Paris Johnson could have been the needed change that Keisha isn’t. It’s not because she didn’t try. Our girl did try, but Show just never gave her a break.

1. Keisha has no protector

Yes, her family is close when it comes to celebrating her accomplishments, but who can she run to in times of real crisis? Who gives her real guidance through girlhood and makes sure she stays on track? Justin has his mom and his dad to help him every step of the way, even when they don’t support his decision. Keisha is on her own.

2. Keisha has no passion

Why does Keisha run track? Because it’s her way to college… But does she even enjoy it? Who’s her favorite track runner? I get that she comes from a poor family, but why doesn’t being “a nerd” give her other options but sports to get a full scholarship? And if that’s so important, how come she has time for a boyfriend? Maybe I don’t get it because I’m not American. The fact that her dad gets to live out his passion, her boyfriend gets to live out his passion, but she doesn’t even have one hobby that brings her joy? Not even writing or fashion? I guess Black girl joy is only good for a hashtag. 

3. Keisha has no life goal

Going to Howard University is her whole character’s identity. And she’s quite lucky that her chaotic love life doesn’t affect her grades or her track training at her new school. She wants to go to college to study what? And then what’s the plan after college? Justin can afford not to plan so much ahead, but can she?

4. Keisha has no true friend

Just like Justin’s friends could create this dumb (yes, I said it) #unblockjustin campaign, where were her friends to defend her against her ex? Where’s the best Black friend trope when you actually need it? The irony is that Keisha is Justin’s Black friend. She coaches him throughout his issues with no expectation in return. 

Keisha’s Black friend would have stood up to her ex-boyfriend and her entire school… 

Keisha’s Black friend would have been her bodyguard making sure that her ex wouldn’t even try to look in her direction… 

Keisha’s Black friend would have been the safe place she deserved. 

5. Keisha has no sexual awakening

The tagline “you always remember your first” isn’t cute at all when you realize that Keisha’s actual first was a traumatic experience that derailed her entire life. 

It doesn’t sit well with me that the series sells the idea of teenage Black love free of any drama when Keisha’s whole storyline is based on HER TRAUMA… Why can’t she get to explore her sexuality in her own terms like Justin gets to? Why can’t she get to freely express herself in their first moments of intimacy? Everything feels so performative at first that when she actually gets into it, it still feels performative… And yes, I do think 95% of their love scenes should have shown less skin. Can’t a Black girl enjoy romance without going full erotica every time? OR can’t a Black girl take her time to ease her way into it just like Judy Blum’s Katherine did?

Why are we so comfortable with girls getting their intimacy disrespected and making them act like it’s no big deal? Almost the same happened with Lara Jean (and that’s why I can’t ever be Team Peter all the way), but Lara Jean still gets to own that first time. 

What does romance mean from a Black girl’s perspective? If Keisha is the best we can come up with, when and where will our girls get to learn that love and intimacy don’t need to start with betrayal and trauma? And if you can’t picture the Black girl’s coming-of-age experience as ordinary and empowering as Judy Blum wrote it in “Forever”, we need to discuss why.  

In conclusion

Dear Black Girl, 

May Netflix’s “Forever” be a reminder of what the world still denies you, but that you’re entitled to have. 

I wish you to be surrounded by people who will hold you up when you’re down. 

I wish you to be surrounded by people who will let you drop the perfect little girl act. 

Despite all your imperfections, you deserve to be protected. 

Despite all your imperfections, you deserve to be taken care of. 

Despite all your imperfections, you deserved to be loved. 

Despite all your imperfections, you will always be enough.

3 responses to “Why Netflix’s “Forever” is a horror story for Black girls”

  1. Merci Maëlla 🙏🏾❤️

    Audrey

    Liked by 1 person

    1. Merci d’avoir lu ❤

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  2. […] Au lycée, c’est Monica qui l’embrasse en premier. C’est Monica qui décide d’avoir des relations sexuelles avec lui. Il ne la presse pas. Il pratique le sexe sans risque. J’aime le fait que, même s’ils n’en ont pas discuté, il ne fait aucun doute que c’est la bonne façon de faire. Quincy et Monica montrent ce que devrait être la norme basique lorsqu’il s’agit d’être une personne responsable dans ce domaine. Si tu te sens assez mature pour coucher avec quelqu’un, cela devrait te tenir à coeur de te protéger. C’est pourquoi je suis encore effarée de voir que la sexualité de Keisha ait été si mal traitée dans « Forever ». […]

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